voilà quels sont les indices les plus certains pour le classement chronologique d’une statue ou d’un bas-relief, pour l’attribution à telle ou telle école. Pour la sculpture la technique ne se sépare pas du style. Mais si la sculpture grecque a été maintes fois étudiée sous tous ses aspects, comme en témoignent les livres d’Overbeck et de Lübke publiés en Allemagne, ceux de M. Murray et de Mrs Lucy Mitchell édités en Angleterre, après les travaux d’exégèse et d’archéologie où se sont employés les maîtres de l’érudition depuis Visconti, Otfried Müller et Velcker, il n’y avait pas sur la matière un ouvrage d’ensemble résumant les découvertes les plus récentes, et c’est le grand mérite de M. Collignon d’avoir poursuivi cette laborieuse recherche. Pour sa part, et autant que possible, il s’est tenu en garde contre les jugemens tout faits et, toutes les fois qu’il l’a pu, il a mis à profit les notes prises dans ses voyages, soit sur les lieux mêmes, soit dans les musées d’Europe, et dans ceux de la Grèce. Le sujet est des plus considérables et il ne pouvait être traité avec plus de science, de largeur d’esprit, une observation plus pénétrante que dans cet ouvrage édité avec luxe, qui rendra un réel service aux études d’art antique.
C’est aussi une œuvre d’érudition que ce livre où M. G. Schlumberger retrace une des plus belles pages de l’épopée byzantine[1]. Les illustrations forment un véritable musée des richesses de l’art de Byzance à cette époque.
Après ces voyages dans le passé, ne quittons pas la Grèce et l’Orient sans recommander la lecture de l’instructif et intéressant voyage aux Sept villes de l’Apocalypse[2] de l’abbé Le Camus, si bien préparé par ses recherches apologétiques à faire revivre ce que les siècles n’ont qu’en partie détruit. Si, comme il le dit lui-même pour jouir d’un voyage en Orient, il faut rêver un peu et savoir beaucoup, on peut, comme son jeune élève, le prendre pour guide sans crainte de désillusion, et tout lecteur partagera la joie qu’il a goûtée en le suivant en Grèce, en Macédoine, en Asie Mineure, jusqu’aux sept villes de l’Apocalypse, et saluera avec lui les souvenirs du passé : païens ou chrétiens, qui tous ont parlé à son âme leur inoubliable langage : la Grèce patriote aux Jeux olympiques, la Grèce héroïque à Tirynthe ou à Mycènes, la Grèce artiste à Athènes, le christianisme naissant à Éphèse, à Laodicée, à Colosses, sur les bords du Méandre endormi et du Lycus bouillonnant, à Philadelphie, à Sardes, dans les plaines que l’Hermus arrose de flots dorés, à Thyatire, à Pergame, jusqu’en Macédoine où il vit Philippes et Salonique. Nous les voyons après lui tous ces endroits fameux, car ils revivent dans le texte et