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LE COMTE DE CAVOUR
ET
LE PRINCE DE BISMARCK

DERNIÈRE PARTIE[1]


XI

Nous avons évoqué rapidement les évolutions diverses de la politique du comte de Cavour ; il nous reste à rappeler les actes similaires de M. de Bismarck avant de mettre ces deux athlètes en présence l’un de l’autre et de relever les similitudes et les différences qui ont pu se produire entre leurs entreprises et leurs procédés respectifs. Nous avons signalé les premières manifestations du futur chancelier allemand, son attitude absolutiste en 1848, sa conversion à Francfort où il conçut la pensée capitale de son programme. Nous l’avons laissé à Saint-Pétersbourg, préparant son terrain en entretenant soigneusement l’irritation que l’attitude de l’Autriche, pendant la guerre de Crimée et au Congrès de Paris, avait semée dans l’âme des conseillers de l’empereur Alexandre ; nous l’avons vu nouant, avec le prince Gortchakof, des relations d’une intimité cordiale, faisant pressentir à son propre souverain tous les avantages qu’il serait permis de tirer d’une étroite liaison avec la Russie. Le roi Guillaume, nourrissant les mêmes desseins, jugea en 1862 que le moment était venu

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.