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vans dont les découvertes perfectionneraient la navigation. À toutes les questions proposées, Wronski apportait des réponses rigoureuses, mathématiquement démontrées et déduites du principe universel où tout est contenu. Ces découvertes trouvèrent au Bureau des longitudes de Londres le même accueil que les Mémoires sur l’algorithmie à l’Institut de France. On déclara ne pas les comprendre; blessés par ses réclamations et ses accusations incessantes, les savans anglais cessèrent de s’occuper de lui. Les promesses du Parlement étaient donc un mensonge et un leurre! On refusa même, n’était-ce pas le comble de l’iniquité ? de payer, en même temps que son voyage et ses frais de séjour à Londres, l’impression des pamphlets dans lesquels il accusait les savans anglais d’ignorance crasse et de mauvaise foi. Pour les mettre évidemment dans leur tort, — il le déclare dans un de ses pamphlets, — il avait eu soin de garder en réserve le véritable Mémoire scientifique. Le bureau avait donc condamné la théorie sans la connaître !

Le bureau avait simplement déclaré qu’il lui était impossible de comprendre. L’espièglerie de Wronski, pour nous servir d’une expression qu’il a appliquée à Laplace, le justifie complètement.

Les découvertes pour lesquelles plus de cent mille francs étaient promis et, suivant Wronski, légitimement dus, formaient des chapitres d’un traité de mécanique céleste encore inédit aujourd’hui et commencé à Marseille en 1803.

Quelques fragmens ont été publiés et curieusement étudiés. Yvon Villarceau a publié un Mémoire intitulé : Mécanique céleste : Exposé des méthodes de Wronski ; mais, satisfait d’avoir aperçu, non sans peine, la manière dont Wronski décompose les forces appliquées à une planète, il ajoute : « Nous n’essaierons pas de faire comprendre comment procède Wronski, nous avons dû renoncer nous-même à le comprendre. «Villarceau procède ensuite à la recherche des résultats en employant les méthodes connues, et constate que, légèrement modifiés, ils s’accorderaient avec ceux de Wronski. M. Dickstein, chargé par l’Académie de Cracovie d’examiner et de classer les manuscrits inédits de Wronski, sans garantir l’exactitude des méthodes et des résultats proposés dans sa Mécanique céleste, en signale l’originalité, et ajoute qu’après tant d’années écoulées, il serait intéressant et important pour la science de trouver la clef des théories de Wronski.

Nous verrons peut-être bientôt paraître la Mécanique céleste