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de Wronski. Le temps n’a pu en diminuer la valeur, car ses méthodes construites a priori ont eu d’abord toute leur perfection. Sa théorie correspond à la réalité. Sa loi est universelle. Le système des vérités fondamentales est immuable et absolu ; ni les découvertes nouvelles, ni les progrès de la science, ne peuvent amener ni changement ni généralisation.

Telle est l’opinion, telles sont les promesses de Wronski, et les espérances de ses derniers admirateurs. Avant cependant de publier les quatre volumes, il serait prudent à ceux qui les possèdent de commencer par en essayer l’étude. Il est aisé, d’ici là, de consulter ce que Wronski a publié, et de chercher quelle confiance il mérite.

Dans une épître à l’empereur Nicolas, publiée vers la fin de sa vie, Wronski a résumé, pour s’en faire honneur, ses travaux de mécanique céleste. Par déférence sans doute pour le personnage auguste auquel il s’adresse, il daigne s’expliquer clairement. Le vague de ses principes et l’absurdité de ses résultats apparaissent à découvert sans qu’aucun doute soit possible.

Nous avons cité quelques lignes de lui pour montrer combien il est obscur ; citons les suivantes, dans lesquelles il est malheureusement trop clair :

« Pour peu que l’on réfléchisse sur le mouvement des corps célestes, on reconnaît qu’il ne saurait subsister avec une stabilité permanente s’il n’existait dans ces corps deux forces opposées qui les retiennent en équilibre réciproque. Il faut en effet, et on le conçoit a priori, d’abord, qu’il existe entre ces corps une force active de jonction, provenant de la gravitation universelle qui empêche leur écartement indéfini, et ensuite qu’il existe entre les mêmes corps une force inerte de séparation, provenant de leur mouvement, qui, par lui-même, ne peut changer de direction. »

Le langage de Wronski n’est pas celui de la science et, par son manque de précision, rendrait tout raisonnement impossible. Que signifie l’égalité, permanente ou non, entre une force d’attraction et l’inertie, qu’il désigne sous le nom de force, sans pour cela en changer la nature ? Wronski fait de cette égalité impossible, comme serait celle d’une longueur à un poids, la loi fondamentale de la Mécanique céleste.

« Il ne nous reste, ajoute-t-il, qu’à déterminer avec précision chacune des deux forces primordiales, et à fixer le lien téléologique de leur égalité permanente, pour avoir l’expression scien-