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et au bouleversement de la société? Car il n’y va pas de moins. C’est un choix à faire. Le problème, qui est le même au fond partout, ne se pose pas dans tous les pays en termes identiques. En France, voici à peu près comme il se présente : — ou la République aux républicains; le parti au-dessus des principes; le parlementarisme vrai subordonné à la concentration ; l’ajournement systématique de toutes les réformes organiques ; le refus ou la mutilation de toutes les libertés dont le cléricalisme — ou la simple conscience, — pourrait se faire une arme; le rejet de toutes les mesures de progrès social propres à alarmer les intérêts; et au bout de tout cela l’inévitable culbute dans l’indifférence ou le mépris universel. — Ou bien la rupture de tous les liens factices; le déni d’obéissance quand l’obéissance n’est pas fondée en droit ; la recherche passionnée de tous les remèdes ou de tous les palliatifs de la souffrance humaine ; la revendication obstinée de toutes les libertés, en commençant par celles de l’âme; l’élaboration méthodique, persévérante, infatigable d’une législation sociale sur laquelle ni le souffle du christianisme ni l’esprit du siècle ni l’action de la science n’aient passé en vain ; et au terme de ce long et difficile effort, la réconciliation de la République et de la liberté, de la démocratie et de la religion, de l’ordre et de la justice, de la politique et de l’idéal, — res olim dissociabiles.


FRANCIS DE PRESSENSE.