les plus sérieux adressés à la Coulisse, durant ces dernières années, c’est qu’elle a introduit sur le marché, en fait de mines notamment, nombre de valeurs suspectes. Cette coupable imprudence s’est retournée contre elle : elle a payé de la ruine de plusieurs maisons considérables les fols encouragemens qu’elle avait donnés à la spéculation. Elle en est encore tout ébranlée; ses fautes ont accru le nombre et la force de ses adversaires et menacent de tourner contre elle l’attention du pouvoir.
En dépit de son nom, le marché libre n’est pas ouvert au premier venu. En principe, chacun peut s’établir coulissier, vendre et acheter les valeurs sous les portiques de la Bourse. Il n’en est pas de même, en fait ; il faut être agréé par le comité de la Coulisse, et pour être agréé, il faut offrir des conditions d’honorabilité, de solvabilité qui assurent la loyauté et la régularité des transactions. Comme les conventions conclues sur le marché libre ne sont pas reconnues par la loi, comme en cas de contestations, on n’en peut poursuivre l’exécution devant les tribunaux, elles reposent uniquement sur la bonne foi des contractans. Les coulissiers sont, ainsi, réciproquement intéressés à la loyauté des maisons de la Coulisse. Et. de fait, les affaires y sont, d’habitude, aussi sûres et aussi régulières que sur le marché officiel. Dans ce temple de Mammon que tant de gens se représentent comme une caverne de voleurs, il se traite. chaque jour, des milliers d’affaires qui reposent, uniquement, sur la bonne foi de ces hommes de Bourse. Un coup de crayon sur un carnet, souvent un simple ordre verbal, et la maison se regarde comme engagée pour des centaines de mille francs. S’il y a des défaillances, la faute en est, le plus souvent, à la mauvaise foi effrontée de spéculateurs sans scrupules qui, pour ne pas payer leurs différences, se retranchent sur ce que la loi ne reconnaît pas les opérations de la Coulisse. Et parmi ces agioteurs sans vergogne, il s’est rencontré, hier encore, lors de la crise sur les mines, plus de soi-disant gens du monde que de gens de Bourse.
Légalement, la Coulisse ne devrait opérer que sur les valeurs non admises à la cote officielle des agens de change, c’est-à-dire sur ce qui constitue proprement le marché en banque. Il y a, en effet, nombre de valeurs, françaises et étrangères surtout, qui ne sont pas cotées au parquet, la loi ne permettant d’inscrire à la cote que les actions d’un taux nominal déterminé (100 fr.) et le fisc exigeant des sociétés dont les titres sont cotés au parquet des impôts