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peut livrer passage à un groupe d’allumettes, d’un nombre sensiblement fixe ; un mouvement de pédale pousse brusquement les allumettes dans une boîte ouverte que l’ouvrière tient à la main et qu’elle referme aussitôt. L’opération de l’emboîtage s’effectue ainsi très rapidement et sans trop répandre de vapeurs extérieures.

Mais en dehors de ces machines toutes de détails, il en est une autre dont il a été beaucoup question dans ces derniers temps, c’est la machine américaine inventée à Chicago, et qui effectue à elle seule toute la série des opérations de la confection des allumettes jusqu’à la mise en boîtes exclusivement.

L’appareil a été longuement exposé et décrit : il se développe sur 20 à 25 mètres de longueur d’une plaque de tôle sans fin portant la totalité des allumettes à garnir. Les divers rouages sont à l’air libre et surveillés par plusieurs postes d’ouvriers. Il paraît assez difficile que la machine puisse être enfermée de manière à ne répandre au dehors aucune émanation. Elle reste donc un foyer de vapeurs qui sont même de la sorte rassemblées et condensées dans un espace relativement restreint. Un seul avantage paraît en résulter au point de vue de la prophylaxie : c’est la diminution du personnel employé, qui se trouve réduit au tiers ou au quart du nombre ordinaire.

Cette machine, bien que restée chez nous à l’état de projet, paraît appelée à réaliser un progrès considérable et faciliterait la sélection d’un personnel restreint. Mais son adoption est encore bien lointaine : des essais sont à l’étude et l’on parle de deux ou trois ans pour pouvoir procéder aux premières expériences. L’émotion qui, au sujet de cette machine, s’est répandue parmi les ouvriers des allumettes menacés dans leur gagne-pain aura tout le temps de se calmer, et la solution de l’assainissement industriel devancera encore, il faut l’espérer, la fabrication automatique.


VII

Nous voici en présence de la troisième solution, la solution par l’hygiène. C’est la dernière ressource qui nous reste. On va voir qu’elle est en même temps la seule vraiment scientifique et rationnelle.

Lorsque tout à l’heure nous tracions le tableau de la pathologie industrielle des allumettes, nous avons fait ressortir les deux