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élémens ou les deux facteurs sur lesquels repose cette pathologie. Ces deux facteurs sont le phosphorisme et la nécrose.

Au phosphorisme on opposera l’assainissement de l’usine. A la nécrose, on opposera la protection de l’ouvrier, la sélection. Parlons d’abord du phosphorisme.

Le phosphorisme est l’empoisonnement lent et chronique de l’ouvrier par les émanations méphitiques des ateliers : il faut donc supprimer ces émanations. Or, le problème étant de l’ordre le plus banal pour avoir été appliqué à maintes industries similaires, nous ne nous attarderons pas à l’exposer de nouveau. Quel est l’ingénieur qui, à l’époque actuelle et avec les ressources dont il dispose, se déclarerait incapable de faire disparaître ou de neutraliser les produits gazeux qui se dégagent, au contact de l’ouvrier, des diverses opérations de la fabrication des allumettes ?

La tâche est peut-être ici un peu plus difficile que pour d’autres industries dans lesquelles des gaz ou vapeurs seraient moins denses et de composition moins diverse. Mais les systèmes actuels d’aération et de ventilation sont d’une énergie en quelque sorte illimitée et d’une extrême variété : tantôt ce sera l’entraînement simple par cheminées d’appel placées au faîte des bâtimens et souvent suffisantes pour entraîner des gaz plus légers que l’air ; tantôt on aura recours à la ventilation mécanique par la vapeur et appliquée non seulement à l’atmosphère d’un atelier, mais à chaque poste isolé d’une ouvrière. Un système de ce genre, le système Blackmann, a été imposé, comme nous l’avons dit, administrativement à toutes les usines de Belgique où il a donné les meilleurs résultats. Sa puissance sera d’ailleurs facilement accrue ou modérée suivant les besoins, et il est toujours facile d’en apprécier l’intensité par un petit instrument qui devrait figurer dans toutes les usines : l’anémomètre.

Il est un autre système de ventilation qu’il faut signaler, c’est la machine d’aspiration par injection d’air de Geneste et Herscher, qui a réussi dans certaines industries, les ateliers Christofle, par exemple, et dans quelques laboratoires industriels, à entraîner les gaz les plus dangereux, tels que l’acide hypoazotique par exemple. Dans tous les cas, si l’aération et la ventilation d’un atelier peuvent se doser et se graduer à volonté, elles peuvent aussi se traduire visiblement par un témoin placé au centre des salles, et sous les yeux de tous. Ce témoin serait représenté par une plaque ou un papier sensible ou une dissolution saline, réactif des