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betteraves, retrouvent une température favorable à l’épuisement.

Bien que, par la diffusion, on obtienne des liquides beaucoup moins chargés de matières solubles étrangères au sucre que les jus noirs qui s’écoulaient naguère des presses hydrauliques, ces liquides sont cependant encore trop impurs pour qu’il ne soit pas nécessaire de les traiter avant de les conduire aux appareils d’évaporation.

On clarifie donc les liquides sucrés par l’action successive de la chaux et de l’acide carbonique, préparés l’un et l’autre dans les fours qui font partie intégrante de toutes les sucreries. Ces fours à chaux présentent intérieurement la forme de deux troncs de cône réunis par leur grande base ; un foyer extérieur envoie sa flamme sur le calcaire introduit par la partie supérieure ; la chaleur sépare la chaux de l’acide carbonique, et tandis que la chaux s’écoule par la partie inférieure, l’acide carbonique qui s’élève dans le four est appelé par une pompe, puis repoussé dans un laveur où il perd l’acide sulfureux provenant de la combustion de la houille, des poussières qu’il a entraînées, et en sort assez pur pour être dirigé vers les cuves de carbonatation.

La purification des jus par l’action successive de la chaux et de l’acide carbonique commence par l’addition aux liquides sortant de la diffusion, de chaux délayée dans l’eau, mélange qui, à cause de sa blancheur, est désigné sous le nom de lait de chaux ; cette chaux entre en combinaisons avec quelques-unes des matières solubles entraînées pendant la diffusion, mais ces combinaisons resteraient flottantes et le liquide ne serait pas limpide, si on n’y envoyait, à l’aide d’un tube percé d’un grand nombre de petits orifices, l’acide carbonique provenant du laveur, où il s’est purifié après sa sortie du four à chaux.

Cette première carbonatation se fait dans des cuves spéciales ; l’acide carbonique précipite la chaux libre et ce précipité, extrêmement fin, se produisant au sein du liquide, forme comme un réseau à mailles très serrées qui entraîne toutes les matières restées jusqu’alors en suspension. On décante ces liquides clairs avant d’avoir épuisé l’action de l’acide carbonique sur la chaux libre ; en soustrayant à l’action de l’acide carbonique le précipité formé d’abord, on évite qu’il ne se redissolve. Le reste de la chaux ayant été séparé par une seconde carbonatation, on a maintenant des liquides assez clairs pour être conduits aux appareils d’évaporation sans qu’il soit besoin de les décolorer sur des filtres à noir animal.