des personnes qui lui soient utiles. L’amitié le mènera à presque toutes les choses que l’on voudra de lui. On a un lien assuré pour l’attirer au bien, pourvu qu’on sache s’en servir. »
Il s’adressera aussi à un sentiment plus humain : l’amour-propre. Il veut que les châtimens soient légers, mais accompagnés de toutes les circonstances qui pourront piquer l’enfant de honte et de remords. Le châtiment sera public ou secret, suivant qu’il sera plus utile à l’enfant de lui causer une grande honte ou de montrer qu’on la lui épargne, et de réserver la honte publique pour servir de dernier remède. Enfin, pour instruire l’enfant, il conseille de faire appel à l’imagination, car « tout ce qui réjouit l’imagination facilite l’étude... Il faut leur donner un livre bien relié, doré même sur la tranche, avec de belles images et des caractères bien formés... un livre plein d’histoires courtes et merveilleuses. Cela fait, ne soyez pas en peine que l’enfant n’apprenne à lire. » Mais l’imagination peut encore servir à former son caractère, et nous voyons apparaître ici ce procédé des fables dont Fénelon fera un si habile usage. « Les enfans aiment avec passion les contes ridicules. On les voit tous les jours transportés de joie ou versant des larmes au récit des aventures qu’on leur raconte. Ne manquez pas de profiter de ce penchant. Quand vous les voyez disposés à vous entendre, racontez-leur quelque fable courte et jolie, mais choisissez quelques fables d’animaux qui soient ingénieuses et innocentes. Donnez-les pour ce qu’elles sont. Montrez-en le but sérieux. »
En un mot, c’est surtout par l’influence morale qu’il veut qu’on agisse. S’il rappelle que le sage a toujours recommandé aux parens de tenir la verge assidûment levée sur les enfans, il veut prendre l’expression au sens métaphorique. Il n’avait pas à se prononcer formellement sur les châtimens corporels, puisqu’il s’agit de filles, mais on sent que ces procédés lui répugnent. Si l’on ne peut espérer se passer toujours d’employer la crainte pour le commun des enfans dont le naturel est dur et indocile, il ne faut pourtant y avoir recours qu’après avoir épuisé patiemment tous les autres remèdes, et il ajoute cette parole où se trahit la fierté du gentilhomme : « une âme menée par la crainte en est toujours plus faible. »
Beauvilliers n’avait donc aucun besoin, malgré les dires de Saint-Simon, d’aller demander à Saint-Sulpice un précepteur pour le duc de Bourgogne. Il en avait un sous la main dont il