celle qui instituait en Prusse une administration d’Etat centralisée, se heurta, dès le premier jour, à la résistance passionnée que devait nécessairement alors rencontrer toute mesure anti-féodale. Elle demeura lettre morte[1].
La seconde fut maintenue après de longs tâtonnemens[2]. La gendarmerie de Hardenberg vit ses attributions restreintes, prit un caractère plus militaire, mais elle survécut; toutefois, par là même que le pouvoir administratif ne passait point de l’aristocratie aux fonctionnaires d’Etat, la création d’un agent d’exécution, qui, placé sous la dépendance d’une administration fortement constituée, eût acquis une singulière importance, perdit beaucoup de sa signification. Et, surtout, l’autorité seigneuriale, le droit de police seigneuriale sur le bien noble, demeurèrent intacts.
Les projets de Hardenberg subirent donc de ce côté un échec encore plus sensible que celui de la réforme agraire. C’est encore dans la résistance de l’oligarchie, groupée dans le simulacre de représentation nationale instituée par Hardenberg, qu’il faut chercher le secret de cet insuccès.
L’assemblée des députés du pays s’était dissoute peu après la promulgation de l’édit agraire. Mais le chancelier avait annoncé que le gouvernement prussien ne se croyait pas dégagé, après la dissolution de cette première assemblée, de la promesse de doter la Prusse d’une représentation nationale. On tenta donc un nouvel essai du système représentatif, aussi peu sincère d’ailleurs que le premier, quoique d’une forme un peu différente.
Il était devenu nécessaire de convoquer une commission générale pour régler une question brûlante, qui réveillait toutes les ardeurs de l’esprit provincial, le règlement des dettes de guerre, et leur répartition entre les diverses provinces de la monarchie. Hardenberg décida que cette commission générale constituerait provisoirement la représentation nationale de l’État prussien[3].
- ↑ Meier, Die Reform der Verwaltungs-Organisation, p. 440. — Keil, Die Landgemeinde in den östlichen Provinzen Preussens, p. 110. — Treitschke, Deutsche Geschichte, I, p. 380.
- ↑ Meier, Die Reform der Verwaltungs-Organisation, p. 4 45. — Bornhak, Geschichte des preussischen Verwaltungs-Rechts, III, p. 55.
- ↑ A. Stern, Abhandlungen and Aktenstücke zur Geschichte der preussischen Reformzeit, VII. Geschichte der weussischen Verfassungs-frage, 1807, 1815, p. 172.