- A l’Odéon, le Chemineau, drame en cinq actes, en vers, de M. Jean Richepin. — A la Renaissance, la Carrière, comédie en quatre actes et cinq tableaux, de M. Abel Hermant. — Aux « Escholiers », le Plaisir de rompre, un acte, de M. Jules Renard.
Plus il avance dans son œuvre, plus M. Jean Richepin nous apparaît comme une nature merveilleusement simple, robuste et saine, et en même temps comme un exemplaire accompli de culture latine, comme un poète essentiellement « classique » et comme un traditionnaliste irréprochable : ce qui le rend presque unique dans la littérature de nos jours.
Rien de plus normal ni de plus harmonieux que le développement de cet esprit ; rien de plus conforme ni de plus exactement correspondant aux modifications qu’apporte dans un homme bien sain la succession des années ; et par conséquent rien de plus « décent », au sens latin, que la vie littéraire de ce latiniste.
A vingt ans, ivre de sa force, il est bohème, insurgé, compagnon et poète des « gueux ». En quoi, déjà, il obéissait à une tradition. Car il se trouve que quelques-uns des pères de notre littérature ont été, au XVe siècle, au XVIe et au XVIIe encore, des bohèmes notoires. Bohême, Villon ; bohèmes, Rabelais et Régnier ; bohèmes, Théophile, Cyrano de Bergerac, Saint-Amand, et presque tous les poètes du temps de Louis XIII. M. Jean Richepin, à vingt ans, continue chez nous la littérature et la vie de ces réfractaires qui furent, comme lui, des forts en thème et crachaient aisément du latin.
Puis, il écrit les Caresses, poèmes de sensualité toute nue, sans hypocrisie, mais aussi sans perversité ; où, par de la nos poètes romantiques, et par-dessus les délicatesses, mièvreries et mélancolies que le sentiment chrétien a mêlées chez nous aux choses de l’amour, il renoue