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en buée légère des souches empilées avec art, se condense au plafond de ciment et s’écoule à l’extérieur dans des conduits préparés à cet effet. Des pièces de 12 centimètres d’équarrissage sortent de l’étuve, au bout d’une semaine, aussi sèches que si elles vous avaient été léguées par votre grand-père.

Le parquet et même le plancher de bois étaient, voici un siècle, réservés au petit nombre des appartemens; la plupart des logis parisiens étaient carrelés. Aujourd’hui les frises de chêne « à point de Hongrie », placées dans un sens vertical aux fenêtres pour que la perspective en soit meilleure, sont uniformément adoptées. Les morceaux sont seulement plus étroits et plus courts, et par là leur jeu est plus agréable à l’œil, lorsque les parquets sont plus chers. Dans les immeubles modestes le sol des pièces secondaires est « à l’anglaise », en planchettes horizontales, plus confortables au pied que le carrelage ancien, et, dans les hôtels élégans, l’usage des tapis a fait abandonner les marqueteries de plusieurs essences forestières à grands dessins; de sorte qu’à cet égard les classes sociales se sont rapprochées. Il n’est pas certain du reste que le bois conserve la faveur des générations futures ; le caoutchouc mériterait, dit-on, de lui être préféré et fournirait un parquet silencieux, sans joints ni poussières, lorsque l’exploitation des richesses incalculables que l’Afrique possède en ce genre aura démocratisé son emploi.

Le caractère du luxe nouveau, en fait d’habitation comme en mille autres choses, c’est d’être banal. Ne nous en plaignons pas trop, s’il vous plaît : il n’y avait de banal autrefois que la misère. Ne tombons pas dans cette contradiction, puérile et fréquente néanmoins, qui consiste à souhaiter le développement de l’industrie tout en déplorant les résultats de l’industrialisme.

L’Art, ce divin inspiré, est un aristocrate égoïste ; la poursuite du beau suffit à le charmer ; il n’est presque pas de la terre et s’en fait gloire. La Science est plus humaine, plus éprise d’utilité matérielle. Filles de l’art et de la science, certaines industries empruntent au premier ses idées et ses modèles, à la seconde ses découvertes et ses lois. Avec le tout elles fabriquent du bien-être pour la masse. Chaque fois qu’elles étendent leur domaine, la vie d’un grand nombre d’individus s’accroît d’une satisfaction nouvelle ; elles dorent la médiocrité et font pénétrer, jusque chez les petits, le pâle et illusoire, mais doux reflet de l’opulence. Ces vulgarisations sont l’œuvre de notre siècle ; elles lui feront grand