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nous substituant aux Turcs, et nous savons à présent quels furent leurs droits.

Mais la cour de Fez n’y songera pas, et nous ne souhaitons aucunement, — bien que devant en bénéficier, — que cette éventualité se produise. Il n’est personne en effet qui, au courant des choses algériennes, forme le vœu de nous voir entrer en conflit d’intérêts avec l’Empire chérifien. Notre colonie se développe normalement; son rayonnement civilisateur se poursuit lentement vers le sud, amenant avec des habitudes d’ordre et de paix la sécurité dans un milieu livré jusqu’ici à une piraterie intolérable. Nous ne demandons au Maroc que de nous aider dans cette tâche, en observant les conventions établies, c’est-à-dire en ne donnant aucun espoir de soutien, même moral, aux fauteurs de troubles, aux fanatiques religieux, tels que Bou-Amama, par exemple. Nos sentimens amicaux envers la cour marocaine sont d’autant plus sincères qu’ils correspondent à nos intérêts bien compris. Au début de cette étude nous avons indiqué comment on pourrait comprendre la question dite du Maroc; quant à présent, pour nous, elle n’existe pas, puisqu’il apparaît que l’on ne saurait s’attacher avec trop de soin à en reculer l’ouverture. Mais si d’autres, plus remuans, parvenaient à la poser d’une façon inéluctable, il va sans dire que plus qu’aucun nous aurions le devoir d’intervenir et de faire valoir non plus seulement les droits sacrifiés de prédécesseurs, mais les droits personnels, acquis par cinquante années d’efforts, de luttes et de sacrifices incessans.


H. DE LA MARTINIÈRE.