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de ses biographes[1]. — Les travaux de la voûte à peine terminés, le peintre des Prophètes et des Sibylles se mit aussitôt à sculpter cet Esclave enchaîné qu’on voit aujourd’hui dans la galerie du Louvre : un athlète — un titan — se tordant dans ses liens et interrogeant le ciel d’un regard de reproche : statue pathétique, statue vengeresse, que Signorelli a déjà vue en 1513, dans l’atelier de l’artiste, via Marcel de’ Corvi. Contemplez bien les traits véhémens et sombres de cet Esclave enchaîné : vingt-cinq ans plus tard, après le classique tyrannicide de Lorenzaccio, Buonarroti prêtera les mêmes traits à son Brutus[2].


JULIAN KLACZKO.

  1. Ces biographes oublient généralement que Michel-Ange a reçu une somme considérable en avances pour la Sepultura, et que la famille de Jules II était parfaitement justifiée d’insister sur l’exécution du monument.
  2. Sur la visite de Signorelli en 1513, voir Lettere, p. 379. — Au risque de ruiner Michel-Ange dans l’opinion de nos républicains d’aujourd’hui, je ne tairai cependant pas qu’en 1554 il a demandé d’être l’architecte du Gesù à Rome, et cela sans nulle rétribution, et pour la seule gloire de Dieu... Je trouve ce curieux détail dans la lettre de saint Ignace de Loyola au comte de Melito (Rome, 21 juillet 1554) : « La iglesia ira ahora màs adelante... tomando cargo de la obra et mâs celebre hombre que por acà se sabe, que es Michael-Angel (que tambien tene la de San Pedro), y por devocion sola, sin interes alguno se emplea en ella. » Cartas de San Ignacio de Loyola; Madrid, 1874, seq., t. IV, p. 228-9.