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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 140.djvu/941

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LES REVUES ETRANGÈRES

LE ROMAN D’UN PRETRE DE VILLAGE[1]

Le samedi 20 mars 1875, veille du jour des Rameaux, l’évêque de B..., en Styrie, manda près de lui et reçut en audience, dans le grand salon bleu de son palais, un des prêtres les plus distingués de son diocèse, l’abbé Wolfgang Wieser, vicaire de la cathédrale, qui venait de publier, quelques jours auparavant, un recueil de contes et de légendes populaires.

— Mon cher abbé, lui dit-il, je ne suis pas content de vous. Avez-vous donc oublié mes paternels avertissemens? Si vous ne pouvez pas mettre plus de prudence dans vos écrits, jetez plutôt votre plume au diable, et dans votre main prenez un rosaire! Vous compromettez l’Église et le clergé !

Et comme l’abbé protestait, se défendant d’avoir jamais « manqué à l’esprit chrétien » :

— Des phrases que tout cela! interrompit son évêque. Nous avons à représenter le christianisme pratique, entendez-vous bien? Et c’est le desservir que d’adhérer à des idées nouvelles, comme vous l’avez fait dans de récens articles. Et puis vous parlez trop souvent — et, à ce qu’il me semble, trop à dessein — des premiers chrétiens, et des modifications survenues dans l’Église. On croirait parfois, — Dieu me pardonne ! — entendre un franc-maçon et non pas un prêtre !

En vain l’abbé réitérait ses protestations; ses articles, ses livres, étaient là qui fournissaient sans cesse une nouvelle matière aux observations de l’évêque.

  1. Das Ewige Licht, par Peter Rosegger, I vol. in-8o ; Leipzig, 1897.