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le monde, permit mariage à l’archevêque ; c’était alors question de discipline ; il imposa certaines conditions. La première était de donner à ses descendans le nom et le titre d’archevêque. Les femmes heureusement n’y avaient pas droit. Catherine aurait rejeté avec les armes de sa famille, le caractère, la marque et le sceau de la bête ; c’était le nom qu’on donnait dans le parti à la mitre épiscopale qui, chez les Parthenay, remplaçait la couronne.

« La mère de Jean de Parthenay était à Anne de Bretagne, de laquelle elle était autant favorisée que jamais servante fut de sa maîtresse, ce que la Reine lui continua toute sa vie, de sorte qu’elle se gouvernait par son conseil en ses plus importantes affaires, la connaissant de bon entendement, non seulement en ce qui appartient au fait ordinaire des femmes, mais même en affaires d’Etat, en quoi elle ne cédait à nulle femme, ni à guère d’hommes de son temps.

« La reine Anne venant à mourir lui recommanda Mme Renée, sa fille, lui usant de ces mots : « Madame de Soubise, je vous donne ma fille Renée, et n’entends point seulement que vous lui serviez de gouvernante, mais je vous la donne, et veux que lui soyez comme mère, remettant en elle l’amitié que vous m’avez portée. »

« Maltraitée cependant par la régente Louise de Savoie, elle fut contrainte de se retirer de la cour, écrivant à la régente : « Je désire plus rester en votre bonne grâce en ma maison que d’être ici à votre déplaisir. »

« Elle s’en vint dans sa maison du Parc, en Vendée, prenant peine à bien faire instruire ses enfans, et fit étudier son fils aux lettres, chose fort rare en ce temps-là, de sorte qu’il était tenu pour un des plus savans hommes de sa robe qui fût en France. Ses trois filles, lesquelles elle ne pensait point à faire étudier, s’y adonnèrent tellement, tant pour l’amour de leur frère avec lequel elles se mirent à apprendre, que pour une certaine inclination qu’ils y avaient tous, qu’elles se rendirent les plus doctes femmes de leur temps, principalement l’aînée, laquelle était tenue non seulement pour la plus docte de France, mais même de la chrétienté, aux langues grecque et latine et aux sciences humaines ; et qui plus est à estimer, dès ce temps ladite dame de Soubise avait connaissance de la vraie religion et y instruisit ses enfans dès leur petitesse. »

Dans cette dernière phrase, écrite de sa main, c’est Viète qui tient la plume, mais il est clair que Soubise l’a dictée.