gripper sur tout. Les petits furent seuls à pâtir, et l’argent, comme toujours, sortit en fin de compte de la substance du peuple.
« Viète revint à Paris, délibérant de prendre repos, en donnant tout son temps à la géométrie et à l’algèbre. Comme cet illustre Romain Scipion, n’ayant jamais plus d’affaires que quand il était de loisir. »
Il demanda l’autorisation de traiter avec un successeur, en récompense d’argent. Henri IV reconnaissant de ses bons et agréables services, écrivit au chancelier « : Je vous renvoie la demande de M. Viète, afin qu’en mon conseil il soit avisé de lui faire quelque honnête gratification, car il y a longtemps qu’il me fait service, et en ai tout contentement. »
Viète mourut âgé de 63 ans. On lit dans le Journal de l’Estoile : « François Viète, maître des requêtes, homme de grand esprit et jugement, et un de nos plus doctes mathématiciens, mourut en ce mois à Paris, ayant, suivant le bruit commun, mille écus d’or au chevet de son lit. » Ce n’était nullement un trait d’avarice, mais l’honorable présent du roi, qui lui avait été envoyé en toute hâte, quand on apprit l’approche de sa mort. Henri IV ne faisait de telles générosités qu’à bon escient.
Catherine de Parthenay, vicomtesse de Rohan, survécut longtemps à son maître. Elle détestait l’apostasie de Henri IV : trahissant la bonne cause, qu’ils avaient jadis aimée et suivie ensemble, l’ami de son enfance et de sa jeunesse, devenu son neveu, avait voulu mêler la lumière aux ténèbres et déclarer une paix impossible entre les brebis et les loups. L’esprit de résistance et de lutte, chez Catherine, n’a, comme celui de dévouement, fini qu’avec sa vie. Parmi ses nombreux écrits en prose et en vers, la vicomtesse de Rohan, très modeste, ou très orgueilleuse, n’en a donné qu’un seul au public. L’Élégie sur la mort de Henri IV, publiée quelquefois sous son nom, est de sa fille Anne. L’écrit de Catherine est intitulé : Apologie pour le roi Henri IV. L’apologie, est une mordante satire, écrite dans le ferme et pur langage que Viète lui avait enseigné, et qu’on parlait autour d’elle.
« Il est religieux si jamais prince le fut, dit-elle en parlant de Henri IV, les autres rois ont pensé faire beaucoup de bien tenant une religion, cettuy-ci en tient deux tout à la fois, les avoue également, les observe aussi bien l’une que l’autre : n’est-il pas doublement digne du nom de très chrétien ?
Citons quelques pages :