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Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 141.djvu/400

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LES PORTRAITS DE FEMMES ET D’ENFANS
À L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS


Qu’est-c’ qui passe ici si tard,
Compagnons de la Marjolaine ?
Qu’est-c’ qui passe ici si tard,
Dessus le quai ?

Ce couplet de la vieille chanson enfantine et populaire nous revenait à la mémoire, il y a quelques jours, tandis que défilaient sur le quai Malaquais les toiles très anciennes et très précieuses qui y sont en ce moment réunies. Réunion bien tardive, bien inattendue et bien éphémère. Car ce qui passait, ce jour-là, sur le quai pour venir se ranger dans la grande salle de l’ancien hôtel de Bouillon, c’était sinon le « chevalier du roi », comme dans la vieille ronde, du moins celles que le chevalier du roi a aimées, et ceux, tout petits, qu’il a choyés. C’étaient des portraits non pas d’hommes d’État ou de guerre, mais de femmes et d’enfans. Portraits datant de deux, trois et quatre siècles, portraits qu’ont vus les Sforza de Milan et les Marguerite de France et dont beaucoup, sans doute, n’avaient jamais paru au grand jour des exhibitions publiques. C’étaient les œuvres d’artistes qui, parfois, se sont haïs de leur vivant, comme Reynolds et Romney, qui ont mis tous leurs soins à ne jamais laisser voir leurs tableaux ensemble, — et qu’un hasard juste et bon autant que malicieux vient de réunir dans la double confraternité du génie et de la mort… Ces cadres tirés pour quelques jours des somptueuses galeries ou des archives familiales sont des Van Dyck et des Velasquez, des Frans Hals et des Rembrandt, des Chardin et des La Tour et — spectacle plus rare pour nous — des Hoppner, des Lawrence et