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des Gainsborough. Ils sortent des collections de Mmes Edouard André, Emile Trépard, Camille Lelong, la générale Lhériller, la comtesse de Ganay, la baronne de Hirsch et la marquise Arconati Visconti, de MM. le comte de Castellane, le baron E. de Rothschild, Bonnat, Ephrussi, le duc de Mortemart, Cheramy, Dreyfus, Kann, Fould, Jules Porgès, Lehmann, le duc de Vallombrose, Sedelmeyer et de bien d’autres qui ont consenti à laisser voir ces chefs-d’œuvre du passé au profit d’une bonne œuvre du présent, la Société philanthropique. Durch das Schöne stets das Gute...

Mais cette réunion n’est que de quelques jours. Plus vite encore que la beauté de ces femmes et que la jeunesse de ces enfans, la vision enchanteresse va passer... Tandis que les caravansérails de la peinture contemporaine, au Champ-de-Mars et aux Champs-Elysées, restent longtemps ouverts, cette petite collection de chefs-d’œuvre anciens va bientôt se disperser. Hâtons-nous donc de lui demander plus qu’une joie d’une heure : un souvenir et peut-être un enseignement. Si incomplet et si peu systématique que soit cet assemblage de portraits depuis le XVe siècle jusqu’à nos jours, d’Ambrogio de Prédis à Bastien-Lepage, il est cependant assez caractéristique du Portrait de la Femme et de l’Enfant pour qu’on puisse, en parcourant cette salle, suivre l’évolution du Portrait à travers quatre siècles. La femme, toujours la même, nous présente cependant son visage et ses mains de façons toujours diverses, dans un milieu sans cesse mouvant, sous des clartés infiniment variables, et semble vue par des yeux qui, eux, ne seraient pas toujours les mêmes. Quelque chose change en elle et quelque chose y demeure qu’il faudrait tâcher de dire. De plus, si notre temps ne voit plus éclore ces admirables portraits de femmes, — quand il y a tant de beaux modèles dans nos salons et tant d’ingénieux artistes dans nos ateliers, — peut-être y a-t-il des raisons que ces figures d’antan nous diraient, si nous voulions les interroger. Et quand même nous ne devrions résoudre aucun de ces problèmes, il y aurait encore quelque charme à les aborder.


I

Comment doit-on peindre les femmes? se demandait un jour Léonard de Vinci, et il répondait : « Il faut qu’elles fassent paraître dans leur air beaucoup de retenue et de modestie », et le moyen qu’il en donnait était « qu’elles aient les genoux serrés, les