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mon bonheur, je suis bien aise de vous assurer qu’il est parfait, et qu’il ne me fera jamais oublier la tendresse que je dois avoir et que j’ay pour vous[1] ». « La Princesse, écrivait de son côté, le Roi à Tessé, est à présent si libre avec moy et si accoutumée aux dames qui sont auprès d’elle, qu’une femme Piémontoise luy est absolument inutile et que j’ai jugé à propos de la renvoyer quand la saison est devenue propre à faire ce voyage. » Ce départ de Marquette (ainsi s’appelait la femme de chambre que la Princesse avait conservée) ne laissa pas de la contrister. Elle lui donna tous les habits qu’elle avait apportés de Savoie avec son portrait garni de diamans, et pleura quand il fallut lui dire adieu. Mais Sourches remarque « qu’elle s’était conduite avec beaucoup d’esprit à ce sujet, » car, pour ne pas déplaire au Roi, elle essuya bien vite ses larmes.


III

Où la politique, du moins au début, entra pour une certaine part, ce fut dans les relations de la Princesse avec Mme de Maintenon, mais la plus politique des deux n’était pas la Princesse. On se souvient de l’habileté discrète avec laquelle l’influence de Mme de Maintenon s’était fait sentir dans le choix des personnes qui devaient environner la Princesse, que ce fût la duchesse du Lude à qui, dit malicieusement Mme de Caylus, « sa déférence à l’égard de Mme de Maintenon tenoit lieu d’esprit », ou bien la comtesse de Mailly qui était sa nièce, la comtesse de Montgon qui était fille de son amie Mme d’Heudicourt, la marquise de Dangeau qui lui était toute dévouée. Mais pourquoi lui reprocher une habileté dont le but était aussi louable ? Il était tacitement convenu et accepté que l’éducation de la Princesse devait être complétée par ses soins. Encore fallait-il être assuré qu’une autorité de nature aussi délicate ne serait pas traversée ni combattue par des influences subalternes. Qui pouvait savoir, en effet, si l’on n’allait pas avoir affaire à une enfant capricieuse et difficile, rebelle au joug qu’on voudrait faire peser sur elle ? Si Mme de Maintenon ressentit, — et cela est probable, — quelque anxiété de ce genre, elle fut bien vite rassurée. On le voit par la lettre bien connue que, le lendemain de l’arrivée de la Princesse, elle adressait

  1. Papiers Tessé. Le Roi à Tessé, 11 avril 1697.