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EXPÉDITION DE MORÉE
(1828-1829)

LETTRES D’EUGÈNE CAVAIGNAC[1]


{{c|Eugène Cavaignac à sa mère.


30 août 1828, à bord de la Cybèle.


Ma très chère mère,

Après la plus heureuse et la plus agréable traversée, nous sommes arrivés le 28 à midi, en vue de Navarin. — Après pourparlers avec l’amiral de Rigny[2], on est venu débarquer dans le golfe de Coron où nous avons mouillé hier soir. Quelques compagnies sont déjà à terre, face à face avec quelques bivouacs turcs, à

  1. Ces lettres, dont nous devons la communication à M. Godefroy Cavaignac, furent adressées par son père, Eugène Cavaignac, à sa famille, durant son séjour en Grèce, en 1828.
    Eugène Cavaignac avait été désigné, par une décision du 22 juillet 1828, pour faire partie du corps expéditionnaire envoyé en Morée. Il était alors capitaine du génie (ou plus exactement lieutenant faisant fonctions de capitaine), et âgé de vingt-cinq ans. Il était attaché à l’état-major particulier du génie. Il s’embarqua le 15 août.
    Lorsque l’expédition de Morée fut décidée, les Turcs et les Égyptiens, malgré la destruction de leur flotte à Navarin, tenaient encore la Morée. La France était chargée, par les puissances alliées, de les en déloger. Mais, en même temps, l’Angleterre agissait à Alexandrie pour déterminer le rappel des troupes égyptiennes.
    Au mois d’août, le général Maison débarqua en Morée.
    D’après une situation du mois de septembre, le corps expéditionnaire comprenait 480 officiers et 8 489 hommes.
    Le génie était représenté par 4 compagnies, 391 hommes et 17 officiers.
  2. L’amiral de Rigny avait commandé l’escadre française à Navarin et la commandait encore.