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les attaques dont la cause catholique avait pu être l’objet dans d’autres pays n’approchant pas, si violentes qu’elles eussent été, de celles dont les lois de Mai étaient le code le plus redoutable.

Ce qu’on voulait au Vatican, ce que le cardinal Jacobini s’était attaché à établir en termes généraux, mais précis, dans une note à M. de Schlœzer, c’était de marcher pari passu pour assurer la bonne entente qu’on semblait souhaiter à Berlin, mais à laquelle les organes du prince de Bismarck paraissaient vouloir arriver en exerçant une sorte de pression sur la Curie. Ils retournaient en effet les rôles, en attribuant à l’empereur Guillaume les apparences de l’initiative qui, en réalité, avait été prise, comme on l’a vu, par le Pape, écrivant à Guillaume Ier, à la suite du discours du trône lors de l’ouverture du Landtag, à la fin de novembre 1882, pour le féliciter du passage de ce discours visant la question religieuse. Or, à cette démarche du chef suprême de l’Eglise, il n’avait été répondu que par une contre-proposition dont la substance se trouvait dans la réponse de l’empereur, en date du 22 décembre, à la lettre de Léon XIII, du 5 décembre. La Gazette universelle de l’Allemagne du Nord ayant publié le texte de cette réponse de Guillaume Ier au Pape, l’Osservatore romano publia de son côté non seulement la première lettre du Pape, du 5 décembre, mais encore celle en date du 30 janvier 1883, par laquelle le Souverain Pontife s’attachait à préciser ses vues dans le sens même des indications fournies en dernier lieu par le secrétaire d’Etat, concernant la nécessité de procéder pari passu. Léon XIII s’exprimait ainsi :


La lettre que Votre Majesté Nous a fait remettre au mois de décembre de l’année dernière par M. de Schlœzer, l’envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de Prusse auprès du Saint-Siège, a confirmé en Nous l’espérance longuement nourrie de voir résolues en un complet accord les questions religieuses dans le royaume de l’russe. L’auguste parole de Votre Majesté, qui se montre disposée à prêter la main à une révision de la législation ecclésiastique actuelle, Nous a montré comme prochaine la conclusion de l’accord.

En suite de cela, Nous avons fait écrire par notre secrétaire d’État à M. de Schlœzer une note qui, Nous le croyons, a déjà été portée à la connaissance du gouvernement de Votre Majesté. Dans cette note, Nous avons voulu de nouveau assurer le gouvernement royal de Notre ferme volonté déjà autrefois manifestée de permettre aux évêques la notification des titulaires à nommer aux bénéfices paroissiaux. Et pour Nous rapprocher le plus possible des vues et des désirs de Votre Majesté, Nous avons fait connaître aussi la disposition où Nous sommes de ne pas attendre la complète révision des