domestique, de la chasse et de la guerre. Pour suppléer à l’insuffisance d’un matériel aussi incomplet, elles n’avaient que des instrumens en os, qu’aiguilles et épingles, poinçons et lissoirs.
Si le travail de la pierre et de l’os n’a pas été poussé ici aussi loin que dans les stations des contrées septentrionales, la céramique, en revanche, y est beaucoup plus avancée. Le potier, sans doute, ne possède encore ni le tour ni le four. Ses vases sont façonnés à la main, comme le prouvent les légères irrégularités du contour. Ils sont cuits à l’air libre : c’est ce qu’indique la qualité très variable de la pâte. Celle-ci, dans un même vase, est, par endroits, très dure ; ailleurs, elle manque de cohésion ; elle n’a pas été assez réduite par le feu, inégalité que permet seule d’éviter la calcination de l’argile en vase clos. Cette argile n’a pas été toujours préparée avec soin ; elle contient souvent d’assez gros cristaux de calcaire ou de roche volcanique. Les formes sont en général très simples ; les plus communes, c’est celles de la marmite, de l’écuelle et de la tasse. Ce qu’il y a de plus compliqué, c’est un gobelet à fond évasé, à deux anses opposées, qui rappelle un type que Schliemann a rencontré fréquemment à Troie et à Mycènes, celui où il a voulu reconnaître le dépas amphikupellon d’Homère.
L’intérêt de ces vases est d’ailleurs moins dans leur conformation que dans leur décor ; il est produit par l’emploi de couleurs appliquées sur la terre et fixées par la n’anime. C’est ce que l’on ne constate pas sans quelque étonnement. Les habitans des deux premiers villages de Troie étaient, à certains égards, mieux pourvus et mieux outillés que les Sikèles, et pourtant, lorsqu’ils voulaient orner leur vaisselle, ils ne savaient que graver en creux, dans l’argile humide, avec le bout d’un os ou d’un roseau, des dessins très rudimentaires, faits de lignes droites qui courent parallèles les unes aux autres ou se coupent sous divers angles, faits aussi de lignes brisées qui donnent ce que l’on appelle le chevron ou la dent de loup. Dans cette poterie des Sikèles, les motifs ne sont pas moins simples ; mais c’est sous le pinceau qu’ils sont nés : ils se détachent en brun sur un fond d’un rouge d’ocre. La pièce, avant de recevoir son décor, avait été plongée dans un bain qui en avait ainsi teint toutes les surfaces.
Les hommes qui ont fabriqué ces outils de pierre et ces vases peints ont-ils connu l’usage du métal ? Il est permis d’en douter. S’il a été ramassé, dans la nécropole de Castelluccio, quelques