- A LA COMEDIE-FRANÇAISE, Frédégonde, drame en cinq actes, en vers, de M. Alfred Dubout. — A LA BODINIERE, Dégénérés, comédie en trois actes, de M. Michel Provins.
La Comédie-Française a donné Frédégonde, drame en cinq actes et en vers, reçu il y a trois ans avec enthousiasme par le comité de lecture.
Je sens qu’il ne me sera pas possible de dire beaucoup de bien de cet ouvrage, et je ne m’en réjouis point. Même, lorsque je songe aux choses désagréables que l’auteur a déjà pu lire et entendre, j’ai envie de le réconforter par des louanges menteuses, et ainsi de m’en faire un ami pour quelques semaines. Mais je me dis tout à coup que je lui ferais certainement tort en pensant qu’il ait besoin d’être consolé…
La susceptibilité des hommes de lettres est, quand on y réfléchit, bien misérable. Une critique un peu vive de nos écrits nous fait souffrir davantage, nous ulcère plus à fond que ne ferait un jugement défavorable porté sur notre caractère, et se pardonne bien plus malaisément. On aimerait presque mieux être accusé d’un crime, et on aimerait certainement mieux être accusé d’un péché. Et, pourtant, que nos ouvrages ne paraissent pas aux autres ce qu’ils nous ont paru à nous, ce n’est pas une si grande affaire. Ces « autres » sont souvent des esprits médiocres, des journalistes à la douzaine ; et, s’ils sont d’aventure des esprits supérieurs, on est toujours libre de considérer qu’ils ne sont point infaillibles. Et, surtout, pourquoi tant souffrir d’appréciations qui ne nous atteignent ni ne nous diminuent dans ce qui nous devrait seul importer, j’entends notre valeur morale ?