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concours lui est indispensable, en traçant exactement à chacun la tâche la mieux appropriée à ses aptitudes spéciales. Justus van Egmont, Wildens, Snyders, peut-être aussi Lucas van Uden et Théodore van Tulden ont participé à l’exécution des peintures de L’Histoire de Constantin dont Rubens ne devait faire que les esquisses. Il y avait donc pour longtemps de l’ouvrage assuré pour tous et, comme une ruche, l’atelier allait fonctionner en pleine activité.

Le maître se réservait non seulement de donner un peu partout les retouches qui lui sembleraient nécessaires, mais de peindre les morceaux les plus en vue ou ceux qui l’intéressaient davantage et surtout les figures des personnages royaux. Quand les renseignemens dont il s’est muni à Paris ne lui suffisent pas, il réclame à ses correspondans des informations nouvelles. C’est ainsi qu’il demande à l’abbé de Saint-Ambroise s’il peut lui procurer « une ronde bosse de la tête de la reine », et celui-ci lui indique comme pouvant lui servir « une petite tête en bronze faite par Barthélémy Prieur qui était bon sculpteur. » Une autre fois, le peintre, pris de scrupules au sujet des attributs symboliques qu’il veut grouper autour de la naissance de Marie de Médicis, s’enquiert auprès de l’abbé si elle est née de jour ou de nuit, « pour savoir le signe qui dominait à sa naissance. » Avec son obligeance ordinaire, Peiresc sert souvent d’intermédiaire pour ces demandes. C’est lui qu’à la date du 1er août 1622, l’abbé charge d’avertir Rubens que la reine accepte le projet d’ensemble qui lui a été soumis, sauf la suppression de deux des compositions proposées : Comme la Reine va pour éprouver la résolution des dieux pour le mariage et Comme le Roi reçoit son épouse en présence de la reine mère. Le 15 septembre suivant, l’abbé, ayant appris que sept ou huit des tableaux sont assez avancés, presse Rubens pour qu’il vienne les mettre en place et qu’il apporte avec lui ses esquisses. Peiresc, à ce propos, soupçonnait fort Maugis de chercher par ces instances à s’approprier ces esquisses. L’événement lui a donné raison, car, sans doute pour reconnaître le prix de son intervention, Rubens les avait laissées entre ses mains. C’est de sa collection, en tout cas, qu’elles ont pour la plupart passé dans celle de l’électeur de Bavière et de là à la Pinacothèque de Munich<ref> Les cinq qui sont la propriété de l’Ermitage ont appartenu à Crozat. < :ref>. Cependant, loin de se rendre aux sollicitations dont il était l’objet,