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l’autre une pièce plus grande pour lui-même. Ces constructions basses étaient couvertes en terrasse. Entre deux, une cour où l’on remisait les échelles. Dans l’intérieur, pas de meubles. On couchait sur la terre, roulé dans des tapis. On mettait au net les croquis et les notes sur des caisses qui servaient d’armoires et de tables à écrire. Cela devait durer près de six mois.

Cette maison, cependant, suffit à tout : il s’y fit en dessins et en calculs un travail énorme. En réalité, elle était assez bien placée pour se reconnaître tout d’abord au milieu des ruines. Sans doute celles-ci ne se présentaient pas dans l’ordre savamment gradué suivant lequel se développait la ville antique, surtout pour ceux qui venaient de Damas. Mais on était près du temple du Soleil, qui est encore le centre de la vie palmyrénienne. Tout y aboutit et de là on rayonne en tout sens.

En ce lieu, si je ne me trompe, l’impression que l’on apporte du dehors persiste. La diversité des aspects y ajoute. Au milieu d’amoncellemens confus, on aperçoit toujours quantité de colonnes. Les entablemens, les frontons, les coupoles et les arcades qu’elles portaient se sont écroulés en partie. Entières ou brisées, elles restent avec leur élégance corinthienne, comme ferait une belle forêt dévastée. C’est surtout aux colonnes que nous avons affaire. Leur décor de feuillage témoigne d’un art accompli ; les inscriptions qu’elles portent sont des documens précieux ; par la manière dont elles sont rangées, elles font comprendre l’ordonnance des édifices.

Le temple du Soleil domine les autres constructions par sa masse. Tout y est colossal, et, sur un plan très simple, l’architecture y déploie une prodigalité inouïe. L’aire occupée par le sanctuaire et par son péribole est carrée et n’a pas moins de 227 mètres de côté. C’est un espace plus grand que la place de la Concorde, et son mur d’enceinte a encore, par endroits, 21 mètres de hauteur. Les colonnes du portique intérieur qui s’appuie à ses parois ont plus de 14 mètres. Elles étaient au nombre de 474, répondant à une rangée de pilastres interrompue seulement par la porte d’entrée : 158 sont encore debout, ainsi que 226 de ces pilastres engagés. On remarque aussi les niches qui décorent la partie supérieure du mur et dont chacune est décorée de deux colonnettes. Mais le sanctuaire appelle l’attention par des proportions extraordinaires. Il est au milieu de la cour. Son plan est un rectangle allongé, et il est entouré d’un portique en partie