honorer son pays. Mais, il faut le dire, cela ne s’est pas fait sans peine. Dans de pareilles entreprises, il faut s’attendre à souffrir. Il le savait en partant, le jeune enthousiaste. Renseigné à Beyrouth, il n’ignorait pas que le voyage qu’il allait accomplir eût coûté, s’il se fût agi d’une mission donnée par l’Etat, une somme considérable. Il comprenait très bien qu’il ne s’en tirerait, avec le peu de ressources dont il disposait, qu’en s’imposant des privations infinies. En effet, ses compagnons et lui, forts de leur jeunesse, ont vécu, pendant leur long séjour à Palmyre, en épargnant sur le nécessaire. Quand ils suivaient les routes qui les amenaient sur les confins du désert ou les rapatriaient, ils prenaient les dernières places. En allant à Beyrouth et en revenant en Italie, ils restaient sur le pont du bateau… Je n’insiste pas : on voit assez ce qui leur a manqué.
Mais tant de constance et de talent n’aura pas été dépensé en pure perte. Sans doute, il était à craindre qu’on ne se rendit pas compte, au premier moment, de ce que vaut un travail aussi considérable. Heureusement inspirée, l’administration des Beaux-Arts en a reconnu le mérite. Grâce à son concours, la restauration de Palmyre pourra paraître. Nous la verrons partiellement aux prochains Salons et, dans son ensemble, à l’Exposition de 1900. Ainsi, le monde des artistes et des savans aura part à la riche contribution qu’une œuvre pareille apporte à l’architecture et à son histoire.
EUGENE GUILLAUME.