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LES UNIVERSITÉS D’ÉCOSSE.

plus grandes et les plus prospères de France ou d’Italie. Le programme des études était le même, la langue latine était commune à toutes, équivalens étaient les grades. Les Universités des diverses nations d’Europe faisaient un échange fréquent de maîtres et d’élèves ; grâce à cette unité d’organisation et à cette identité de langue, un étudiant en droit ou en médecine, qui avait commencé dans son pays, pouvait continuer ses études dans une deuxième Université étrangère et, enfin prendre son grade de maître ès arts ou de docteur à Paris. Les Universités d’Europe formaient alors comme une grande république des lettres, dont le Pape était le président. C’est de ce régime si favorable à tant d’égards à la solidarité du genre humain et au progrès de la science que M. Michel Bréal disait si justement, au meeting franco-écossais de la Sorbonne, « qu’il y avait alors une unité de culture intellectuelle entre les nations, |qui n’existe plus aujourd’hui et que des accords de ce genre devraient rétablir. « Il n’oubliait qu’une chose, c’est de dire que c’est à l’action vraiment cosmopolite et civilisatrice de la Papauté, que le moyen âge a dû cette unité et qu’aujourd’hui, en l’absence d’une autorité morale reconnue de toutes les nations, il est bien difficile de rétablir cette harmonie.

Tout autre est l’origine de l’Université d’Edimbourg : elle n’a eu ni pape, ni évêque pour parrain, elle n’a pas même eu pour marraine Marie Stuart, comme quelques écrivains plus romanciers qu’historiens l’ont avancé. L’histoire de la donation de l’évêque d’Orkney et d’une fondation de Marie Stuart sont de pures légendes. En revanche, le livre de la Discipline de l’Église réformée, composé par le calviniste John Knox, renfermait un plan grandiose pour l’instruction publique de l’Écosse, mais il ne mentionne que les trois anciennes Universités.

Ce furent les bourgeois et les ministres qui voulurent avoir leur collège ; ils comprirent que, malgré toutes les épurations, les maîtres des vieilles Universités seraient longtemps imbus des idées et des méthodes catholiques et qu’à l’esprit nouveau il fallait créer un foyer nouveau. Aussi, depuis 1561, vit-on le conseil de la ville d’Edimbourg faire de constans efforts pour fonder un collège qui servirait à la fois pour l’éducation des futurs pasteurs et des fils de la bourgeoisie protestante. Ils adressèrent à la reine Marie, puis à Jacques VI, des pétitions réitérées afin d’obtenir la concession d’un terrain occupé par de vieilles abbayes ;