« La physique vous doit des découvertes de premier ordre. Grâce à vos travaux, la thermodynamique sert de lien aux divers chapitres de la physique autrefois isolés. La notion du travail, appliquée aux phénomènes électriques, a engendré des systèmes cohérens d’unités absolues ; les recherches que vous avez faites, inspirées ou dirigées, ont permis de réaliser un système d’unités aujourd’hui universellement adopté. En calculant l’énergie de la décharge d’un condensateur, vous avez démontré a priori les oscillations électriques, étudiées depuis par Hertz et, sur ce point comme sur quelques autres, vous vous êtes rencontré avec votre illustre ami Helmholtz. Enfin, la télégraphie transatlantique vous doit la vie ; impraticable à ses débuts, elle a reçu de vous tout ce qui lui manquait, théorie et appareils. »
Voilà une esquisse bien réduite de l’organisation, des programmes d’étude et des illustrations des Universités d’Écosse. Si imparfaite qu’elle soit, — car les limites prescrites à notre sujet nous ont empêché de parler du XVIIe et de la fin du XVIIIe siècle, qui ont été les époques les plus brillantes de leur histoire, — on pourra juger, je l’espère, de leur caractère propre, de leur vitalité et de l’étonnante variété de leurs travaux. Nées en des âges très différens, l’Université d’Édimbourg et ses sœurs aînées sont arrivées aujourd’hui, non pas à se ressembler entièrement, du moins à adopter une forme de gouvernement et des programmes d’étude similaires. Comme leurs voisins du sud, les Écossais ont su conserver une partie des institutions scolaires du moyen âge, mais en les adaptant aux exigences des temps modernes, et se conformer à des méthodes rigoureusement scientifiques. Trois ou quatre traits, si je ne me trompe, distinguent leurs Universités de celles d’Oxford et de Cambridge : une organisation plus démocratique, plus de facilités offertes aux étudians ou aux gradués pauvres pour continuer leurs travaux ; les cours et les diplômes plus largement accessibles aux femmes ; enfin, plus d’élasticité dans le cadre des chaires ou le programme des examens. Mais, par un côté fâcheux, elles se ressemblent toutes : les mêmes privilèges sont accordés à la religion d’État, qu’elle s’appelle épiscopale ou presbytérienne, et de même qu’en Angleterre, les dissidens y sont exclus des chaires des Facultés de théologie.
Or, depuis quelques années, ces Universités d’Écosse, se souvenant des relations qu’elles ont entretenues jadis avec l’Alma mater de Paris, se tournent de nouveau vers nous, comme étant