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connaissant « d’utilité publique » et en subventionnant les écoles que nous avons nommées plus haut. L’Assemblée nationale de 1848 fit plus et, par une loi du 3 octobre de cette même année, elle essaya de mettre sur pied le projet ancien. Un institut agronomique fut fondé à Versailles. C’était l’école supérieure, l’école des hautes études, le précédent de l’Institut actuel. On lui donnait le domaine du grand roi à exploiter. Vingt écoles régionales distribueraient dans toute la France l’enseignement secondaire, et enfin, dans chaque département, dans chaque arrondissement, s’il était possible, il y aurait une sorte d’école primaire agricole ou de ferme-école dont le modèle existait déjà chez quelques particuliers.

Ces fermes-écoles ne pesaient pas d’un poids bien lourd sur le budget. L’école s’installait sur un domaine dont le propriétaire avait offert ses services. On payait pour chaque élève une petite pension, on rétribuait assez maigrement les professeurs, et la dépense ne s’élevait guère qu’à 600 000 francs. Dès la première année on put compter 46 bonnes écoles et 70 l’année suivante. Puis, comme il arrive trop souvent, l’institution périclita. On n’en comptait plus que 33 en 1885 et 16 seulement en 1894. Quant aux écoles régionales qui devaient représenter en matière agricole ce que sont les lycées dans les études classiques, l’État s’en était approprié trois : Grignon, Grand-Jouan et la Saulsaie. On y avait ajouté une école dans le Cantal, Saint-Angeau. Elle vécut ce que vivent les roses, et moins longtemps que la fille de Des Périers.

Supprimé en 1852, l’institut de Versailles a ressuscité en 1872 à la demande réitérée de la Société des Agriculteurs de France que présidait alors M. Drouyn de Lhuys, et sur la proposition de M. le comte de Bouillé, l’un de ses vice-présidens. Ce fut M. le marquis de Dampierre qui fit le rapport. C’est un document considérable, tout plein des vues les plus élevées sur l’agriculture, et empreint des idées les plus justes sur son enseignement. Ce nouvel institut agronomique fut placé à Paris, d’abord au Conservatoire des arts et métiers ; il a maintenant son logis particulier dans l’ancienne École de pharmacie appropriée à son usage. Son directeur, M. Risler, est un agronome éminent, son chef de laboratoire est M. Müntz, de l’Académie des sciences, et ses professeurs appartiennent aux premiers rangs de la science. L’école de Grignon, située près de Versailles, jouit d’ailleurs des mêmes avantages, d’un contact permanent avec les plus hautes notabilités, en même temps qu’elle possède un domaine rural étendu, où la pratique de l’art rencontre toutes ses aises et la théorie toutes ses applications. Aussi Grignon passe-t-il, non sans raison, pour la meilleure des écoles