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ont été adjointes aux cours des Facultés des sciences. On a créé 90 chaires départementales ; 70 chaires spéciales d’arrondissement ; un cours d’agriculture dans chacune des écoles normales primaires ; 101 cours dans les lycées, collèges, écoles primaires supérieures. On a fondé des stations agronomiques et ouvert des champs d’expériences dans presque tous les départemens. Il nous plaît de le redire : on a beaucoup fait. Nous verrons ce qu’il reste à faire.


II

À côté des efforts du gouvernement, la bonne volonté privée n’est pas demeurée inactive. C’est à elle surtout que l’on doit les fermes-écoles et les orphelinats agricoles qui sont de véritables pépinières de laboureurs.

Il est évident que les institutions fondées ou entretenues sur les deniers de l’État étaient insuffisantes pour une population de 24 millions d’habitans qui vivent de l’agriculture ou qui du moins vivent à la campagne. En quarante ans cette population, qui dépassait 24 millions, aurait, d’après les statistiques officielles, diminué de plusieurs millions. Ces statistiques nous disent qu’à l’heure présente, le nombre des Français vivant de la culture des champs s’élève à 17 698 000, soit 47 pour 100 de la population totale. « Dans un pays de suffrage universel, comment se fait-il qu’une industrie qui, par l’importance de sa production et surtout par le chiffre de son personnel ne peut être comparée à aucune autre, ait été systématiquement négligée et ne soit pas parvenue à imposer au pouvoir ses revendications les plus légitimes ? » L’auteur du Retour aux champs, en se posant cette question, n’hésite pas à accuser les grands propriétaires qui ont déserté pour la plupart leurs domaines et ont ainsi donné l’exemple de l’abandon de la campagne, en même temps qu’ils ont entraîné avec eux un personnel et des « professionnels » de plus en plus nombreux.

À cette cause réelle on pourrait en ajouter plusieurs autres, et parmi elles celle qui nous occupe en ce moment, l’insuffisance des moyens d’instruction. Les statistiques, qui ne sont pas toujours des modèles d’exactitude, ne peuvent guère se tromper sur un point : le nombre des étudians que l’État instruit. L’Institut agronomique distribue la haute science agricole à environ 200 élèves.

Quand l’État a prélevé sur ce nombre les jeunes gens qui iront à l’École de Nancy pour faire leur éducation forestière ; ceux qui iront prendre place parmi les officiers des haras ; les fonctionnaires et les