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Voilà l’exemple ; il n’est pas aussi difficile de le suivre qu’on pourrait le supposer. L’École pratique de Genech n’est pas absolument calquée sur l’Institut de Beauvais, mais elle lui ressemble par plus d’un côté. Elle n’est pas sous la direction d’une corporation religieuse comme Beauvais, mais elle n’exclut pas l’enseignement religieux comme les écoles de l’État. Ses professeurs et le directeur agricole sont des laïques, et si elle n’a pas encore de laboratoire spécial, celui de l’Université catholique de Lille est pourtant à sa disposition pour des opérations scientifiques de grande importance. Enfin Genech n’a pas les 150 hectares des domaines de Beauvais, mais 75 hectares dans les terres riches du département du Nord en sont à peu près l’équivalent. En outre, pour satisfaire plus largement aux besoins spéciaux du pays, il sera ajouté aux deux années d’études normales des cours de troisième année qui comprendront les principales industries agricoles, telles que la distillerie, la brasserie, la féculerie, la fabrication du sucre. Cette école de Genech n’est ouverte que depuis deux ans. Il n’est pas douteux qu’elle rencontre une grande faveur auprès des populations saines du Nord de la France, en raison des hautes conditions de surveillance et de moralité que son origine assure (aux familles. Elle offre enfin l’avantage appréciable de coûter moitié moins que les écoles de l’État.


IV

Il n’est guère de région où l’on ne puisse trouver les élémens nécessaires pour des fondations du même genre. L’État, qui enseigne déjà beaucoup de choses, même inutiles, ne possède pas l’art de le faire économiquement. Il ne sait tirer un profit que de ses grands monopoles, les tabacs, les postes, les allumettes. Encore ne le fait-il pas sans un grand dommage pour le public qu’il dessert et pour les ouvriers qu’il emploie. En lisant la remarquable brochure du P. J. Burnichon, on ne laisse pas d’être frappé de la hardiesse de l’auteur. Il constate que l’enseignement agricole officiel, à part l’Institut agronomique, mais en y comprenant les trois écoles vétérinaires, coûte à l’État 4 342 510 francs. Ce chiffre est bien maigre en comparaison de celui que nous coûte l’enseignement primaire et secondaire ; il paraît énorme quand on le rapproche du nombre des élèves à qui va cette part du budget. Laissant de côté les trois écoles vétérinaires et limitant ses calculs aux trois écoles nationales d’agriculture, l’auteur remarque que Grignon, Grand-Jouan et Montpellier prélèvent 654 000 francs, c’est-