des Agriculteurs de France, heureuse de ce mouvement des esprits qu’elle avait un peu fait naître et désireuse de le stimuler, avait dès 1874 institué des concours et proposé des prix pour ceux des instituteurs primaires qui auraient introduit l’enseignement de l’agriculture dans leur école et y auraient obtenu quelque succès. Aux ressources que la Société affectait à ces récompenses, de généreux donateurs vinrent ajouter leurs contributions et leurs legs, ce qui a permis d’établir un roulement annuel comprenant cinq départemens. Depuis 1875 il a été distribué en primes une somme de 37 945 francs, 141 médailles d’or, 63 de vermeil, 363 d’argent et 256 de bronze, en plus des mentions honorables et des diplômes. L’État de son côté s’est piqué d’honneur et y a ajouté son contingent de récompenses. Peut-être n’y aurait-il pas songé si la Société des Agriculteurs de France ne lui avait donné l’exemple.
Il est remarquable que la plupart des bonnes idées que le gouvernement met en pratique en matière agricole lui sont inspirées par la Société des Agriculteurs. Pour n’en citer qu’une seule, la Société avait formé le projet d’ouvrir à Paris, à l’occasion du concours annuel des animaux gras, un concours d’animaux reproducteurs des espèces exposées. Ses mesures étaient prises, son programme était rédigé. Aussitôt le ministère de l’Agriculture fit annoncer qu’aux concours des animaux gras serait annexé désormais un concours d’animaux reproducteurs. Le but était atteint. Que ce soit l’effet d’une coïncidence ou d’une intention préméditée, il n’en faut pas moins savoir gré à la Société des bonnes idées qui lui viennent et au gouvernement de se montrer si empressé à les exécuter. Ce que nous avons encore à dire sur l’enseignement agricole dans les écoles rurales pourra diriger les bonnes intentions des pouvoirs publics sur un système de pédagogie agricole qu’il serait aisé d’étendre en peu de temps sur toute la France.
Si les pensées exprimées dès 1833 par l’abbé de Lamennais ont trouvé faveur auprès des pouvoirs publics, on ne saurait non plus méconnaître qu’elles ont exercé la plus heureuse influence sur l’Institut qu’il a fondé. C’est de cette pensée mise en pratique que sort le travail de développement agricole qui s’opère en ce moment en Bretagne, et qui, gagnant les provinces limitrophes, pourrait s’étendre dans toute la France. Que la Société des Agriculteurs de France ait pris ce travail sous son patronage, il ne faut pas s’en étonner. Ce qui nous étonnerait