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LA TRANSFORMATION DE ROME
EN CAPITALE MODERNE[1]


I

Les Italiens réussiront-ils à faire de Rome une des grandes capitales modernes ? Ils y sont résolus et se sont mis à l’œuvre. Presque aussitôt après leur prise de possession, le pic des démolisseurs a commencé son œuvre, et de nombreuses constructions se sont élevées avec une rapidité fiévreuse. Il n’est plus temps de revoir la même Rome que les trois ou quatre dernières générations ont connue. Cependant les nouveaux maîtres de Rome se trouvent aux prises avec des difficultés diverses qu’ils ont dû prévoir. Ils paraissent ne pas compter la question politique et religieuse ; du parti qui continue de réclamer contre la chute du pouvoir temporel des papes, ils croient n’avoir plus rien à redouter ; le groupe des modérés, qui considérait l’établissement à Rome comme prématuré, s’incline devant le fait accompli et déclare, lui aussi, qu’une fois à Rome on n’en peut plus sortir : la protestation vivante n’en subsiste pas moins devant eux, mais ils attendent. « Le Saint-Père ne peut rien maintenant pour l’Italie, disait naguère un de leurs plus sages hommes d’Etat, et l’Italie ne peut rien pour le Saint-Père : il faut laisser faire au temps son œuvre. »

Mais, si les Italiens espèrent être délivrés des obstacles

  1. Ce travail a été rédigé, voilà deux ou trois ans, par notre ancien et regretté collaborateur, M. A. Geffroy, dont nous n’avons besoin que de rappeler le nom aux lecteurs de cette Revue. Il nous a semblé que ces pages n’avaient rien perdu de leur intérêt, et qu’on y retrouvait, dans une question qui n’est pas seulement italienne, la compétence unique du maître éminent qui a dirigé pendant tant d’années l’École française de Rome.