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cheminait vers l’ouest. Deux traités conclus en 1824 et 1825 assignèrent leurs limites à ces compagnies rivales.

Depuis, des explorations, au premier rang desquelles figurent celles de Whymper et de A.-L. Pinart, de Dell, de Schwatka, d’Everett et de Mercier, de Rey et de Stoney, ont éclairé bien des points obscurs, si elles ne permettent pas encore de dresser une carte définitive de cette région. La configuration du littoral, sauf au nord-est et au nord-ouest, a été déterminée ; au-dessus du détroit de Dixon, qui sépare l’île du Prince-de-Galles de l’archipel de la Reine-Charlotte, la côte profondément échancrée, coupée de fiords, de passes et de détroits, s’émiette en îles et en îlots au nombre de près de onze cents. Ils forment un inextricable labyrinthe que, l’hiver, les glaces recouvrent et relient à la terre ferme. Au nord, la côte, plus régulière, détache au large de longues et massives presqu’îles. La plus remarquable est la presqu’île, ou corne d’Alaska, orientée de l’ouest à l’est, et que prolongent les cent cinquante îles Aléoutiennes dont la courbe régulière et symétrique rappelle celle des îles Kouriles.

Sur ces îles, de formation volcanique, au relief montueux, sillonnées de vallées herbeuses, la population est très clairsemée. Elle a conservé le type des Esquimaux, modifié par la race russe ; on la dit indolente, sensuelle et paisible, bien que cruelle dans ses vengeances. Les Aléoutes vivent, sans trop de labeur, des produits de leur chasse et de leur pêche ; leurs côtes, très poissonneuses, fournissent en abondance des saumons et des harengs. L’hiver, ils se creusent des tanières sous terre ; l’été, ils reparaissent à la surface du sol et s’y construisent des huttes.

C’est à la racine même de la longue presqu’île d’Alaska que commencent les monts d’Alaska et que le La Pérouse s’élève à 3 400 mètres. Orientée de l’est à l’ouest, la chaîne soulève successivement les cimes du Crillon, 5 000 mètres et du Fairweather. De ces montagnes descendent d’énormes fleuves de glace ; ils surplombent le littoral, au long duquel ils projettent dans la mer leurs blancs promontoires. De tous ces glaciers, le plus vaste serait le Muir, dont Wright estime le débit à la masse énorme de 3954 000 mètres cubes de glace par jour. Ce glacier prodigieux attire chaque année un certain nombre de touristes de l’Orégon, de la Californie, du Canada et des États-Unis.

Au sud du Crillon et du Fairweather, le mont Saint-Elie, la plus haute des cimes de l’Amérique du Nord, « la source de l’or, »