comme l’appellent les mineurs, fait partie de la même chaîne littorale. Il mesure, selon MM. Topham et Williams, 5 638 mètres d’altitude et se détache en relief puissant, en pyramide aiguë, au-dessus des monts qui l’entourent. Son vaste glacier, auquel on a donné le nom de l’explorateur Tyndall, mesure dix kilomètres de largeur dans son cours supérieur ; l’un de ses bras morts vient aboutir près de la baie de Yakutat, recouvrant une superficie de près de 200 kilomètres carrés. Sur cette arête volcanique, les feux souterrains ne sont pas encore éteints ; le Tillman fume toujours et, dans la « Montagne des Esprits, » on entend mugir les voix que redoutent les indigènes. Peu connues dans leur parcours, les Alpes d’Alaska, qui pénètrent dans l’intérieur des terres, se relient au sud, par une série de contreforts, aux Montagnes Rocheuses dont elles semblent n’être que le prolongement septentrional. Leur altitude n’excède pas, croit-on, 3 000 mètres.
Moins connu que l’Alaska méridional, celui du nord n’a ni chaînes de montagnes, ni glaciers comparables à ceux du sud ; il est sillonné par des cours d’eau intermittens qui se déversent dans l’océan Glacial et la baie de Kotzebue ; mais, à côté de ces fleuves secondaires, l’Alaska possède l’un des grands fleuves du monde, le Yukon, plus grand que le Danube, deux fois grand comme le Rhin et dont le cours mesure 3 500 kilomètres. Selon Ivan Pétroff, son débit serait supérieur à celui du Mississipi, et son bassin, qui s’étend dans le Canada, comprendrait une superficie double de celle de la France.
Le Yukon, ou « rivière des rennes, » est l’artère nord-ouest de l’Amérique ; issu du col de Perrier, à l’est du mont La Pérouse, il devient navigable à 3 000 kilomètres au-dessus de son embouchure. Orienté du sud au nord, puis du sud-est au nord-ouest, il reçoit de nombreux affluens et se déverse dans la mer de Behring par un delta de cinq bouches. Whymper fut l’un des premiers à remonter son cours jusqu’au fort Yukon, poste commercial situé à la jonction du fleuve et de son affluent le Porcupine. Le récit de ce séjour donne une idée des rigueurs du climat et des difficultés de l’existence dans ces régions peu connues.
« La journée la plus froide, dit-il, fut en décembre. Le 26 novembre, le thermomètre qui, les jours précédens, accusait la température relativement assez douce de 16 degrés au-dessous de zéro, tomba brusquement à 27°, puis il continua à baisser sans interruption jusqu’au 5 décembre où il descendit jusqu’à 49° ; mais