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LA SUPÉRIORITÉ DES ANGLO-SAXONS
ET
LE LIVRE DE M. DEMOLINS

Il n’est pas nécessaire d’être un grand philosophe pour savoir que toutes les races humaines ont leurs qualités et leurs défauts, que leurs défauts sont étroitement liés à leurs qualités, qu’il y a partout du bien et du mal, que la perfection n’est pas de ce monde. Il n’est pas besoin non plus d’avoir profondément étudié l’histoire pour se convaincre qu’en ce qui concerne la prospérité des républiques et des empires, certains défauts sont plus nuisibles que d’autres, qu’il en est de très pernicieux, que quelques-uns sont vraiment utiles, qu’à cet égard, les peuples sont fort inégalement partagés. Les défauts des Grecs les ont perdus, les défauts des Romains ont contribué autant que leurs vertus à leur assurer la domination universelle. Telle imperfection morale est une force, telle autre est une faiblesse : « Otez à l’Anglais, a-t-on dit, un peu de sa morgue, de son intraitable orgueil ; donnez-lui la sensibilité sympathique qui lui manque, la faculté d’entrer facilement dans l’âme et les sentimens d’autrui ; vous aurez peut-être affaibli cette puissance de conviction, cette confiance en lui-même et en son droit, cette fermeté du vouloir qu’on a souvent admirées, vous l’aurez rendu moins propre à remplir sa mission dans le monde. »

L’ingénieux et éloquent auteur d’un livre qui a fait du bruit, M. Edmond Demolins, frappé de l’étonnante puissance d’expansion des Anglo-Saxons, s’est appliqué à nous démontrer qu’ils nous sont de tout point fort supérieurs[1]. M. Demolins est un économiste distingué de l’école de M. Le Play, et en sa qualité d’économiste, c’est le

  1. A quoi tient la supériorité des Anglo-Saxons, par Edmond Demolins.