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mineur vivant avec les père et mère, peut-être même de 15 pour 100. En revanche, ainsi que l’a proposé M. Bertillon, bien inspiré sur ce point, on pourrait n’accorder le dégrèvement de tout impôt mobilier dans la ville de Paris qu’à ceux des loyers de moins de 500 francs de valeur réelle qui sont occupés par des ménages ayant un, deux ou trois enfans, au lieu d’accorder cette immunité à tous les loyers de 500 francs indistinctement. Quand on aura réduit, comme on le propose, les droits d’entrée et d’octroi dans les villes sur le vin, le cidre, la bière, on viendra encore en aide aux familles nombreuses des villes. Toutes ces mesures seraient légitimes, parce qu’elles n’auraient rien d’artificiel et seraient conformes à la stricte équité.

Un point sur lequel notre démocratie s’est toujours montrée intraitable, c’est la liberté de tester et la quotité disponible. Si notre code avait eu plus de largeur à cet égard, s’il avait évité de morceler et de disperser les moyens et les petits domaines, il est à croire que la natalité serait demeurée plus forte parmi la population rurale. Le maintien des moyennes et des petites propriétés offre un grand intérêt social ; notre code l’a méconnu ; sa terreur du rétablissement du droit d’aînesse a été excessive. A l’heure actuelle, les habitudes de réduction de la famille s’étant invétérées chez les paysans, il est beaucoup plus difficile de les éliminer qu’il ne l’eût été de les prévenir. Néanmoins, nous estimons que la quotité disponible pourrait être accrue et portée, par exemple, toujours à la moitié au moins, quand on use de cette quotité en faveur d’un enfant.

Si l’on veut exercer une action un tant soit peu profonde sur la fécondité française, il faudrait, toutefois, user de moyens d’ordre plus général et plus élevé, s’adressant davantage aux sentimens moraux de l’ensemble de la population. Il conviendrait de remettre en honneur la fécondité conjugale, de ne laisser échapper aucune occasion de témoigner de l’estime et de la reconnaissance que l’État et la société professent pour elle ; en même temps, il faudrait faciliter, non par des subventions, mais par certaines atténuations des charges personnelles, la vie des nombreuses familles. Nous verrions avec plaisir que, pour toutes les petites fonctions qui ne demandent aucune capacité particulière, celles de cantonnier, facteur des postes, gardiens de monumens ou autres emplois analogues, on donnât la préférence aux pères de famille, et que l’on tînt compte du nombre de leurs enfans. En même temps