aucune des deux sœurs. Il trouve qu’à elles deux elles se complètent ; et, tantôt l’une après l’autre, tantôt même ensemble, c’est à toutes les deux que va son désir. « La blonde maladive s’était liée pour toujours dans son esprit à la vigoureuse brune, sa sœur. »
Mais à quoi bon poursuivre ces citations, ou en chercher d’autres du même genre dans d’autres romans ? Le lecteur sait maintenant quel étrange et détestable fruit ont produit, dans la jeune littérature italienne, ces soi-disant doctrines scientifiques et philosophiques dont on nous affirmait naguère que leur action serait toute spéculative, et que jamais elles ne descendraient dans la pratique de la vie. Les y voilà descendues, ou tout au moins en train d’y descendre. Déjà elles sont sorties du domaine abstrait de la science pour entrer dans le drame et dans le roman. Ce sont elles qui, à Copenhague, inspirent Peter Nansen ; elles qui, en Italie, conduisent les écrivains d’un talent incontestable, tels que M. Butti et M. Zuccoli, à représenter comme légitimes, normales, conformes aux exigences de l’Espèce, les façons de penser et d’agir les plus monstrueuses. N’y a-t-il pas là un réel danger ? Et le moment ne serait-il pas venu de se mettre sérieusement en quête d’un vaccin moral, capable de prémunir les âmes contre une contagion plus fâcheuse cent fois que celle que redoute l’héroïne de M. Zuccoli, et qui lui fait refuser d’accueillir dans ses bras sa sœur mourante, sa sœur bien-aimée ?
T. DE WYZEWA.