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Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 145.djvu/150

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L’EUROPE ET LE DIRECTOIRE

V.[1]
LA RÉVOLUTION DE BRUMAIRE


I

La France était entreprise au sud, à l’est, au nord. Le 19 septembre et le 6 octobre 1799, Brune battit, en Hollande, les Anglo-Russes et les força de se rembarquer. Le 25 et le 26 septembre, Masséna battit, en Suisse, les Austro-Russes, et Souvorof, qui déboucha, éreinté, des montagnes, dut se replier sur le lac de Constance, hors d’état de continuer la campagne. Le 18 septembre, l’archiduc Charles, menacé sur ses deux flancs, évacua Manheim. A Gênes, Moreau contenait les Autrichiens. Paul Ier voyait se dissiper le grand arbitrage qu’il avait rêvé. Les convoitises des Autrichiens l’indignaient. La défaite de ses troupes le consterna. Il était dégoûté de la coalition : le 22 octobre, il la rompit. La France, par un sursaut d’énergie patriotique, par un réveil de son génie militaire, par l’effet aussi des conflits entre les alliés, a écarté le péril de l’invasion et repoussé l’ennemi au-delà des frontières que la Convention avait prescrites à la République. Mais ni la République n’est assise au dedans, ni les frontières ne sont assurées au dehors. L’Europe ne les reconnaît point. La France s’est simplement replacée dans les conditions où elle était en 1795, après que Pichegru avait conquis la Hollande,

  1. Voyez la Revue des 15 juillet, 15 août, 15 septembre et le décembre 1897.