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taine et Paul Otlet, direction admirable d’activité, d’enthousiasme, de jeunesse et d’énergie, la jeune institution a réalisé en deux ans des progrès tels qu’elle peut, dès à présent, se considérer comme l’un des organes les plus importans de la bibliographie internationale, comme une institution qui fait le plus grand honneur et au pays qui la possède et à ceux qui la dirigent.

La fondation de l’Office international, le but qui y est poursuivi et les systèmes de classement qui y sont adoptés ont donné lieu dans toute l’Europe à des discussions passionnées. « Le but de l’Office, ainsi que nous fait l’honneur de nous l’écrire M. Henri La Fontaine, est de réaliser, en multiples exemplaires, un répertoire bibliographique universel. » Nous trouvons des détails précis dans l’un des numéros du Bulletin que publie l’Office. Il s’agit de créer un répertoire bibliographique universel complet, embrassant l’ensemble des connaissances humaines — l’inventaire de tout ce que les hommes ont pensé et écrit depuis qu’ils savent écrire — comprenant tout le passé et, pour l’avenir, constamment tenu à jour. Ce répertoire doit porter à la fois sur les articles contenus dans les recueils, sur les livres et les brochures. Il devra renseigner simultanément les savans, les praticiens, les bibliothécaires, les libraires, le grand public des lecteurs. Un beau rêve !

Créer ce répertoire universel n’est pas la seule ambition de l’Office. Il désirerait devenir un élément de coordination entre tous les travaux bibliographiques, entre tous ces travaux auxquels nous faisions allusion, disséminés en si grand nombre de par le monde, et qui sont, pour la plupart, faits avec des méthodes diverses, sur des plans différens, et, parfois, font double emploi les uns avec les autres.

« Ce que nous voulons faire, ajoute M. La Fontaine, c’est coordonner les travaux particuliers et les cataloguer de manière qu’il ne faille plus, à chaque étape de la science humaine, recommencer le travail déjà accompli. Nous avons été amenés ainsi à créer un outillage spécial, fiches, choix des caractères pour la rédaction des titres, meubles pour classer les divers renseignemens bibliographiques, etc. » Toute cette partie de l’organisation de l’Office international est ingénieuse, pratique, utile, elle n’a rencontré que des applaudissemens. Venons au point — il est vrai que c’est le plus important — qui a soulevé des tempêtes. « Comment parvenir, disent MM. La Fontaine et Otlet, à classer unifor-