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mément ? » Il s’agit du classement, soit des livres sur les rayons d’une bibliothèque, soit, surtout, des notices bibliographiques dans un catalogue ou un répertoire. Nous touchons à la question essentielle et qui, comme on va le voir, domine toutes les autres. Si elle était résolue, la solution du problème bibliographique ne serait plus qu’une affaire de travail, c’est-à-dire d’argent.

Il y a, dans tout catalogue ou répertoire, deux classemens nécessaires. Sur ce premier point tout le monde est d’accord. Il faut, tout d’abord, un classement onomastique, nous voulons dire par ordre alphabétique des noms d’auteurs des ouvrages. Les anonymes sont rangés alphabétiquement au titre en laissant de côté, s’il y a lieu, l’article initial. Ce premier classement indispensable — tout le monde continue d’être d’accord — ne suffit malheureusement pas. Il en faut un second. Quel sera ce second classement ? — C’est ici que commencent les dissensions. Et quelles dissensions ! Les profanes ne savent pas les passions que peut susciter une belle cause. « On ne peut vraiment, dit fort bien M. Otlet, obliger les gens à connaître l’existence de l’auteur d’un livre pour retrouver les indications bibliographiques relatives à ce livre ». Procédons par un exemple. Je veux faire une étude sur la culture des vers à soie. Je voudrais avoir les meilleurs ouvrages s’y rapportant, écrits par les auteurs les plus récens et les plus compétens. Les noms de ces auteurs je ne les connais pas. Ce que je demande aux catalogues et aux bibliothécaires, c’est, précisément, de me les indiquer.

« L’important aujourd’hui, poursuit M. Paul Otlet, est d’élaborer les catalogues de manière à les faire servir à la réponse à de telles questions : Qu’a-t-il paru sur la géographie universelle ? Quel livre peut-on trouver dans une librairie ou une bibliothèque sur la législation du travail ou sur le jardinage ? Et même, quand c’est l’homme de science qui fait cette recherche, et non le simple lecteur, le catalogue doit pouvoir répondre à des questions beaucoup plus spéciales, telles par exemple : Quels ouvrages a-t-on publiés sur la lumière en physique, sur la fabrication industrielle de la soude, sur la géologie de l’Espagne ? Ce sont les catalogues méthodiques qui permettent seuls de trouver une réponse à de telles questions. » On ne peut mieux dire.

Les catalogues méthodiques, en usage en Europe jusqu’à ces derniers temps, se ramenaient tous à deux systèmes. Le premier consiste à classer méthodiquement les matières suivant un certain