temps à autre, l’une ou l’autre de ses circonscriptions administratives. Et celles-ci ont des indices décimaux dans la classification. Imagine-t-on la modification des chiffres imprimés dans tous les répertoires, en tête des articles de toutes les revues, et des cotes inscrites sur les volumes dans toutes les bibliothèques ?
Les partisans de la classification décimale font grand cas du caractère international de leurs chiffres qui pare à « la diversité des langues… Ce n’est qu’un argument, disent-ils, mais il est si décisif, si convaincant, qu’il n’est pas besoin d’en chercher d’autre. » Cet avantage se réduit à peu de chose. Les noms propres, les noms géographiques, presque tous les noms scientifiques, « arithmétique, zoologie, logique, etc. », sont pour ainsi dire communs à toutes les langues. En outre, à ses catalogues décimaux, l’Office est obligé d’ajouter des tables, en différens idiomes, pour donner la clé de ses chiffres. Ces tables renvoient à toutes les rubriques. Il ne serait pas plus long, il serait même moins long de faire une table pour renvoyer à des rubriques rédigées en une langue déterminée ; au moins y ferait-on l’économie d’une langue, celle dans laquelle le catalogue serait rédigé.
Les observations qui précèdent ne sont pas faites a priori. L’Office international de Bruxelles a commencé l’élaboration de son répertoire ; il publie des tables et des bibliographies, où nous pouvons apprécier la méthode qu’il emploie. Prenons le dernier volume de la Bibliographia Sociologica rédigée par les deux directeurs de l’Office, MM. Henri La Fontaine et Paul Otlet. « Avec la classification décimale, écrit M. Paul Otlet, chaque matière a un siège unique et elle groupe tout autour d’elle les matières connexes. » Les matières y ont si peu un siège unique que dans ce répertoire nous trouvons les mêmes ouvrages catalogués deux fois ; il s’y trouve d’ailleurs très peu de notices qui ne pourraient figurer tout aussi raisonnablement dans d’autres divisions que dans celle où elles sont placées. Prenons au hasard « Statistique sanitaire des villes de France et d’Algérie. » L’ouvrage est à Statistique ; il pourrait tout aussi bien être à Hygiène. En retour, il y a des ouvrages que l’on est très étonné de trouver placés où ils le sont. Il y a une division « Sociologie en général. » Vous y chercheriez vainement l’indication du livre, qui a fait beaucoup de bruit, où MM. Lafargue et Yves Guyot ont exposé et combattu les principes généraux du socialisme ; — le livre est à « Propriété ». Dans