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Philippeville ou Beaumont, de porter leurs troupes sur la ligne Gosselies-Fleurus ou les Quatre-Bras-Sombreffe. Des instructions en conséquence avaient été envoyées dès le 5 mai par Blücher à ses commandans de corps d’armée. Ziéten, qui commandait le 1er corps, le plus rapproché de la Sambre, avait l’ordre, s’il était attaqué, de replier lentement ses avant-postes sur Fleurus, où se rassembleraient ses quatre divisions, et d’attendre là le développement des manœuvres de l’ennemi. Le 14 juin avant midi, Blücher renouvela ses instructions à Ziéten, à Pirch Ier, à Thielmann et à Bülow.

Les avant-postes de Pirch II, qui couvraient le front du corps de Ziéten, s’attendaient donc à être attaqués le matin du 15 juin. Ils reçurent les tirailleurs français à coups de fusil, puis, en danger d’être débordés, ils se retirèrent pied à pied, de position en position, jusqu’à la Sambre. Dans ces divers engagemens, à Thuin, à Ham, au bois de Montigny, à la ferme de la Tombe, les Prussiens perdirent environ 500 hommes, tués, blessés ou prisonniers. Toujours poussant l’ennemi, les têtes de colonnes françaises arrivèrent entre neuf et dix heures au bord de la Sambre : la division Bachelu, du corps de Reille, devant Marchiennes ; la cavalerie de Pajol devant Charleroi. Les ponts, barricadés, étaient défendus par de l’infanterie et du canon. L’attaque de Marchiennes, trop longuement préparée, prit deux heures. Ce fut seulement un peu avant midi que le 2e léger enleva le pont à la baïonnette. Reille fit aussitôt déboucher le 2e corps, mais, le pont étant étroit, les quatre divisions et la cavalerie n’eurent achevé leur mouvement qu’au milieu de l’après-midi. Le 1er corps qui suivait le corps de Reille ne commença le sien qu’à 4 heures et demie.

Pajol fut aussi retenu longtemps devant le pont de Charleroi. Entre 9 et 10 heures, le 1er hussards tenta un hurrah qui échoua sous le feu nourri des tirailleurs embusqués dans les maisons, derrière les haies et la barricade. Pour forcer cette position il fallait de l’infanterie. Pajol se résigna à attendre le corps de Vandamme, qui, il le croyait, le devait suivre à courte distance. Comme on sait, ce corps d’armée avait levé ses bivouacs quatre heures trop tard. Vers 11 heures, Pajol vit arriver non point Vandamme, mais l’Empereur lui-même avec les marins et les sapeurs de la garde et la jeune garde de Duhesme. Informé du retard de Vandamme, Napoléon avait envoyé l’ordre à celle division de