qu’il médite, porter devant Brye le reste du corps de Pirch Ier.
L’Empereur, lui aussi, prend ses dispositions pour un grand mouvement qui est son objectif depuis le début de la bataille. Il est 5 heures et demie ; il a écrit à Ney à 2 heures : à 6, il entendra le canon du maréchal tonner sur les derrières de l’armée prussienne. Alors, il lancera sa réserve, encore intacte, contre le centre ennemi, l’enfoncera, lui coupera la retraite vers Sombreffe, et le poussera l’épée dans les reins sous le fer et le feu de Vandamme et de Ney. Des 60 000 Prussiens de Zieten et de Pirch, pas un n’échappera !
La garde à pied et à cheval et les cuirassiers de Milhaud commencent déjà à se former pour l’attaque, lorsque arrive un aide de camp de Vandamme, porteur d’une grave nouvelle. On signale à une lieue sur la gauche une colonne ennemie de 20 à 30 000 hommes, paraissant se diriger sur Fleurus dans l’intention de tourner l’armée. Vandamme ajoute que les troupes de Girard ayant reconnu ce corps comme ennemi ont abandonné la Haie, et que lui-même va être contraint d’évacuer Saint-Amand et de battre en retraite si la réserve n’arrive pas pour arrêter cette colonne. L’Empereur est troublé. Il a d’abord l’idée, comme Vandamme l’a eue aussi un instant, que la colonne est la division française qui, d’après ses ordres de 8 heures du matin, a dû être portée par Ney à Marbais. Mais une division n’a pas 20 ou 30 000 hommes, et ces troupes qui se montrent au sud de Villers-Perwin ne peuvent déboucher de Marbais. Est-ce donc Ney qui survient avec toutes ses forces selon les nouvelles instructions envoyées à 2 heures, et renouvelées à 3 heures ? ou est-ce d’Erlon qui arrive avec le 1er corps conformément à la dépêche expédiée à 3 heures et demie ? Mais d’Erlon a comme Ney l’ordre de se rabattre par les hauteurs de Saint-Amand sur les derrières de l’ennemi et non de venir à Fleurus. Marcher sur Fleurus, c’est faire échouer le pian de Napoléon. Ni le maréchal Ney, ni le comte d’Erlon n’ont pu commettre une pareille erreur ! D’ailleurs, Vandamme dit positivement que la colonne a été reconnue comme ennemie. On est donc en présence d’un corps anglais qui aura passé à la droite de Ney ou d’un corps prussien, qui vient d’opérer par la Voie Romaine et Villers-Perwin un vaste mouvement tournant. L’Empereur s’empresse d’envoyer un de ses aides de camp pour reconnaître la force et les intentions de la colonne ennemie. En attendant, il suspend le mouvement de la garde contre Ligny et lui