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fait reprendre sa position première devant le moulin de Fleurus, par régimens déployés. La division de jeune garde de Duhesme et les 2e, 3e et 4e chasseurs à pied de la vieille garde, détachés de cette réserve, se portent au pas accéléré en soutien de Vandamme.

Il est grand temps qu’arrivent ces renforts. A peine remis d’une panique causée par l’approche de la colonne ennemie, sauve-qui-peut que Lefol n’a pu arrêter qu’en tournant ses propres canons contre les fuyards, le corps de Vandamme va avoir à subir une attaque d’ensemble de presque toute la droite prussienne. Un peu avant 6 heures, les batteries de réserve entrent en ligne et préparent l’assaut. Tippelskirch débouche de Wagnelée sur le Hameau, sa droite appuyée par les nombreux escadrons de Jürgass. Les tirailleurs du 1er poméranien font un feu si vif et si nourri qu’en quelques instans, ils épuisent leurs gibernes ; les hussards qui les flanquent leur apportent leurs propres cartouches. La division Pirch II, que secondent les troupes fraîches de la division Brause et d’une partie de la division Krafft, assaillent Saint-Amand sur trois points. Les Français plient. Les débris de la division Girard abandonnent le Hameau ; Lefol et Berthezène cèdent tout le nord de Saint-Amand ; Habert recule jusqu’à sa première position, à la gauche de ce village. Du moulin de Winter où il est retourné, Blücher voit le succès de ses troupes. Il peut se croire déjà maître de la route de Fleurus et bientôt libre d’aller attaquer de flanc la réserve française, manœuvre qu’il médite depuis longtemps.

Mais à ce moment s’avance au pas de charge la jeune garde de Duhesme. Elle dépasse la division Habert et aborde avec un entrain superbe les Prussiens de Tippelskirch. Ceux-ci, fort maltraités, se retirent en désordre, partie dans Wagnelée, partie dans le Hameau. La cavalerie de Jürgass, contenue par les chasseurs de Domon et les lanciers d’Alphonse de Colbert, que l’Empereur vient de porter de la droite à la gauche du champ de bataille, peut seulement protéger la retraite de Tippelskirch sans rien tenter contre la jeune garde. L’inlassable division Girard, dont les quatre intrépides régimens, les 11e et 12e léger et 4e et 82e de ligne, méritent bien d’être cités, fond encore sur le Hameau et en chasse les Prussiens pour la troisième fois. Lefol et Berthezène refoulent hors de Saint-Amand les soldats de Pirch II. Les Français sont de nouveau maîtres de tout le terrain jusqu’aux premières maisons de la Haie.