Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 145.djvu/632

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

culbuté la cavalerie de Lottum, lui ont pris ses canons et s’avancent vers la route de Namur. Il ne reste plus de disponibles que les 32 escadrons de Röder, Blücher court à eux et commande de charger. Lutzow, le célèbre chef de partisans de la campagne de 1813, fonce avec le 6e uhlans sur un carré qu’il croit formé le gardes nationaux mobilisés, à cause de la disparité des uniformes. C’est le 4e grenadiers de la garde. Les uhlans reçoivent un feu de file à petite portée qui couche par terre 83 hommes. Lutzow, renversé sous son cheval, est fait prisonnier. Une charge du 1er dragons et du 2e landwehr de la Courmache, une autre des uhlans de Brandebourg et des dragons de la Reine, une quatrième de 24 escadrons de différens corps, échouent de même. Les unes sont repoussées par la vieille garde qui a relevé en première ligne les divisions de Gérard, les autres sont sévèrement ramenées par les cuirassiers de Milhaud et les dragons de la garde.

Jusqu’à la nuit close, escadrons prussiens et escadrons français tourbillonnent et s’entre-choquent sur les pentes des coteaux, devant les carrés de la garde qui avancent lentement, mais sûrement vers le moulin de Winter. Atteint d’un coup de feu, le cheval de Blücher s’abat sur son cavalier. L’aide de camp Nostiz, qui charge aux côtés du feld-maréchal, le voit tomber et met pied à terre pour le secourir. Ils se trouvent au milieu des cuirassiers du 9e régiment qui culbutent les Prussiens et qui, dans l’obscurité, passent sans distinguer ces deux officiers. Peu d’instans après, les cuirassiers ramenés à leur tour par des dragons prussiens repassent près d’eux, presque sur eux, sans les apercevoir davantage. Nostiz hèle les dragons. On dégage Blücher, tout meurtri et à demi évanoui, de dessous son cheval, on le place sur un cheval de sous-officier, on l’emmène hors du champ de bataille dans le torrent des fuyards. Ils sont innombrables. Le lendemain on arrêta 8 000 d’entre eux à Liège et à Aix-la-Chapelle.

Le centre prussien était enfoncé et rompu. Hormis quelques bataillons qui se replièrent en ordre et soutinrent intrépidement les assauts des cuirassiers, toute l’infanterie fuyait en débandade. C’est grâce aux charges désespérées de la cavalerie de Röder, qui ralentirent la marche des Français, que Krafft, Langen et Jagow sauvèrent une partie de leur artillerie et purent rallier les débris de leurs divisions entre la route de Namur et la Voie Romaine. Mais, s’il y avait trouée au centre, aux deux ailes l’ennemi conservait ses positions. Zieten et Thielmann ne commencèrent à