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l’omnipotence patronale existent toujours, et l’un des administrateurs me l’avouait naïvement, sans chercher même à le cacher ou à l’atténuer.

— Quel avantage, lui demandais-je, représente aux verriers la verrerie ouvrière ?

— Quel avantage matériel ?

— Oui.

— Aucun.

— Aucun ?... Comment, aucun ?

— Aucun !

— Mais à qui est donc la verrerie ?

— Au prolétariat français.

— Alors, sauf qu’ils ont affaire au prolétariat français, au lieu d’avoir affaire à M. Rességuier, vos verriers sont exactement dans la même situation ?

— Exactement dans la même, sauf sur un point.

— Lequel ?

— Ils n’avaient, à Carmaux, qu’une caisse de secours et ils ont ici une caisse de retraites.

— Sur les dividendes ?

— Oui.

— Vous en faites ?

— Pas encore.

— Et, sauf cela, rien n’est changé ?

— Rien.

— Ils avaient donc simplement, autrefois, un patron qui avait une figure, et ils ont simplement maintenant un patron qui n’en a plus ?

— Parfaitement.


IX

Ainsi, et pratiquement, voilà le premier résultat bien visible de la guerre des deux verreries : le verrier espérait la Verrerie aux verriers, mais ne trouve que la Verrerie ouvrière. Au nom même de la cause pour laquelle il combat, on lui ôte les bénéfices de la bataille, et la poursuite même de la victoire, inévitable but de toute guerre, le conduit, en fait, lui verrier, à une mystification. Mais la victoire, au moins, est-elle assurée par son sacrifice ? Hélas ! non, et la Verrerie ouvrière, prise comme