se conduit presque comme eux. Si elle n’est point par elle-même un comburant énergique, elle est, suivant l’expression de Liebig, « un transporteur d’oxygène », et c’est là une vue lumineuse que l’avenir devait confirmer. Que ce transport ne se produise point par le mécanisme qu’imaginait Liebig, mais par un autre, le résultat général n’en est pas moins très analogue au point de vue de la physiologie du sang. La matière colorante du sang convoyée par les globules fixe de l’oxygène au contact de l’air pulmonaire et le déverse, à son passage dans les capillaires, sur les tissus. Le globule du sang ne leur apporte pas autre chose et ne leur distribue pas d’autre principe, contrairement à l’opinion qui avait prévalu jusqu’alors.
La théorie des combustions lentes réalisées par le fer n’était donc pas absolument contredite dans son principe, mais elle n’était pas entièrement confirmée dans son détail, en ce qui concernait le sang, c’est-à-dire le tissu ferrugineux par excellence.
On ne chercha même pas si d’autres tissus ou d’autres organes présentaient des conditions plus favorables, puisqu’on n’en connaissait pas d’autres qui possédassent du fer, en propre. Le foie et la rate passaient pour recevoir celui même du sang sous la forme compliquée où il y existe ou sous une forme équivalente.
Jusqu’à ces dernières années on ne croyait donc pas qu’aucun organe réalisât les deux conditions très simples qui doivent se trouver réunies pour l’accomplissement d’une combustion lente par le fer : à savoir, des combinaisons analogues à des sels ferreux et ferrique à acide faible ; et en second lieu une source d’oxygène. Des études, récentes sont venues réformer cette opinion. Le foie est, en effet, un organe de ce genre. Il contient du fer, ainsi que nous le verrons plus loin, et ce fer y existe sous des formes qui sont précisément comparables aux composés ferreux et ferrique ; d’autre part il est baigné par le sang qui charrie à l’état de simple dissolution dans son plasma et à l’état de combinaison lâche dans ses globules l’oxygène comburant. Toutes les conditions nécessaires à la production de la combustion lente s’y trouvent rassemblées. On ne peut donc pas douter qu’elle s’y accomplisse. C’est là une fonction nouvelle qu’il faut assigner à l’organe hépatique : le fer du foie sert à des combustions lentes qui contribuent à faire de cet organe un des principaux foyers de l’organisme ou, suivant la pittoresque expression de Cl. Bernard, le véritable « calorifère » de l’organisme.